La République démocratique du Congo (RDC) est confrontée à une grave crise humanitaire et sécuritaire depuis des décennies. Le pays est le théâtre de multiples conflits armés impliquant des groupes rebelles, des milices, des forces étrangères et l’armée nationale.
Des preuves substantielles suggèrent l’implication du Rwanda dans le soutien au M23, ce qui alimente la déstabilisation de la région et aggrave les souffrances des populations civiles. Dans ce contexte marqué par les agressions récurrentes dont la République démocratique du Congo (RDC) est victime, l’approbation par le gouvernement russe d’un projet d’accord de coopération militaire suscite un vif intérêt et soulève des questions quant à ses avantages et implications stratégiques pour les deux parties.
Le gouvernement russe a approuvé un projet d’accord de coopération militaire avec la République démocratique du Congo (RDC), selon une résolution gouvernementale publiée mardi sur le portail officiel d’informations juridiques. « Conformément à l’article 11 de la loi fédérale russe sur les accords internationaux de la Russie, (le gouvernement) a approuvé le projet d’accord de coopération militaire avec la République démocratique du Congo, présenté par le ministère russe de la Défense en coordination avec le ministère russe des Affaires étrangères et d’autres organes exécutifs fédéraux concernés », indique le document cité par l’agence étatique Tass.
L’accord est également disponible sur le portail. Ainsi, il prévoit l’organisation d’exercices et d’exercices conjoints, la participation et le suivi des exercices à l’invitation des agences compétentes, des visites de navires de guerre et d’avions de combat sur invitation ou demande, la formation des militaires et d’autres formats de coopération, a précisé Tass.
Le projet d’accord prévoit l’organisation d’exercices et d’exercices conjoints, la participation et le suivi d’exercices à l’invitation des agences compétentes, les visites de navires et d’avions de guerre sur invitation ou demande, la formation des militaires et d’autres formats de coopération. L’agence ne donne d’autres détails, ni sur la date de signature dudit projet d’accord ni sur celle de son entrée en vigueur. Ce rapprochement entre la Russie et la RDC intervient dans un contexte de tensions entre la RDC et le Rwanda, en rapport, notamment, avec la progression des rebelles du M23, depuis deux ans dans la province du Nord-Kivu. Dans cette analyse, nous plongerons dans les méandres de cette problématique en nous appuyant sur différentes sources pour explorer une question centrale :
Comment la mise en place d’une coopération militaire entre la Russie et la RDC pourrait-elle influencer l’équilibre des forces et des intérêts géopolitiques en Afrique centrale, et quels seraient les impacts stratégiques sur les deux nations ainsi que sur la sécurité et la stabilité régionale, notamment face aux tensions existantes entre la RDC et le Rwanda et à l’émergence de groupes rebelles tels que le M23 dans la province du Nord-Kivu ?
L’établissement d’une coopération militaire entre la Russie et la République démocratique du Congo (RDC) pourrait entraîner plusieurs changements significatifs dans l’équilibre des forces et des intérêts géopolitiques en Afrique centrale, avec des implications stratégiques majeures pour les deux pays et la région dans son ensemble. Elle représente un tournant significatif dans les dynamiques géopolitiques en Afrique centrale et pourrait avoir des implications majeures sur l’équilibre des forces et des intérêts dans la région, ainsi que sur la sécurité et la stabilité de celle-ci.
Tout d’abord, du point de vue de la RDC, cette coopération pourrait renforcer sa position en matière de sécurité nationale et modifier l’équilibre des forces dans la région en fournissant un contrepoids potentiel aux acteurs régionaux. Lors d’une réunion tenue le jeudi 20 avril 2023, la Russie avait déjà exprimé sa volonté d’aider la République démocratique du Congo (RDC) à lutter contre les terroristes du M23, soutenus par le Rwanda. L’annonce a été faite par Alexey Sentebov, l’ambassadeur russe en RDC, lors d’un entretien avec le vice-Premier ministre chargé de la Défense et des Anciens combattants, Jean-Pierre Bemba, au ministère de la Défense. Pour la RDC, cette coopération militaire avec la Russie représente une opportunité stratégique majeure.
En effet, en tant que pays d’Afrique centrale en proie à des conflits armés récurrents, la RDC cherche à renforcer sa capacité de défense et à diversifier ses partenariats internationaux pour faire face aux menaces sécuritaires régionales. La Russie, en tant que puissance mondiale dotée d’une expertise militaire avancée, pourrait fournir à la RDC un soutien technique et logistique essentiel pour moderniser ses forces armées, améliorer ses capacités de renseignement et de lutte contre le terrorisme, et contribuer à la stabilité régionale.
Une coopération militaire plus renforcée avec la Russie pourrait aider la RDC à dissuader les agressions extérieures et à rétablir un certain équilibre des forces dans la région, ce qui pourrait potentiellement réduire les tensions et les conflits. L’engagement de la Russie aux côtés de la RDC pourrait renforcer les liens entre ces deux pays et accroître l’influence russe dans la région.
Pour la Russie, cette coopération offrirait une occasion de renforcer sa présence et son influence en Afrique centrale. En établissant des liens militaires avec la RDC, la Russie pourrait étendre sa sphère d’influence dans une région riche en ressources naturelles et stratégiquement importante. Cela lui permettrait de contrecarrer les intérêts concurrents d’autres puissances mondiales, telles que les États-Unis, l’UE et la Chine, qui ont également des intérêts en Afrique.
Dans un contexte d’un conflit russo-ukrainien Faisant suite à l’annexion de la Crimée et à ses incursions dans l’est, l’intérêt de la Russie pour l’Afrique est généralement décrit comme opportuniste, visant à échapper à l’isolement international et à accéder aux vastes ressources naturelles de l’Afrique. Même si elle n’est pas inexacte, cette description ne tient pas compte des dimensions stratégiques des engagements de la Russie sur le continent. La Russie est en outre calculatrice dans la mesure où il considère l’Afrique comme un moyen d’équilibrer l’influence occidentale au moyen de ce qui équivaut à des tactiques asymétriques. Les incursions de Moscou en Afrique étendent le terrain de jeu géostratégique. Cependant, cette coopération avec la RDC soulève également des préoccupations quant aux implications géopolitiques.
Cette coopération militaire russe avec la RDC en Afrique centrale pourrait susciter des réactions et des contre-mesures de la part des autres acteurs internationaux présents dans la région, notamment les États-Unis et l’UE, qui pourraient chercher à maintenir leur propre influence politique et économique dans la région.
La présence accrue de la Russie en Afrique centrale pourrait entraîner des réactions de la part d’autres acteurs régionaux et internationaux, notamment les États-Unis, l’Union européenne et la Chine. Ces acteurs pourraient voir d’un mauvais œil l’expansion de l’influence russe dans une région traditionnellement considérée comme relevant de leur sphère d’influence. Cela pourrait intensifier la rivalité géopolitique dans la région et potentiellement aggraver les tensions déjà existantes.
En ce qui concerne la sécurité et la stabilité régionales, la coopération militaire entre la Russie et la RDC pourrait avoir des effets mitigés. D’une part, elle pourrait contribuer à renforcer les capacités de sécurité de la RDC, ce qui pourrait aider à stabiliser le pays et à réduire les conflits internes. D’autre part, l’implication accrue de la Russie dans la région pourrait également alimenter les tensions et les rivalités entre les différents acteurs régionaux, ce qui pourrait au contraire aggraver les conflits et déstabiliser davantage la région.
En fin de compte, l’impact de cette coopération dépendra largement de la manière dont elle est mise en œuvre et de la réaction des autres acteurs régionaux et internationaux. Alors qu’elle pourrait contribuer à renforcer la sécurité et la stabilité de la région en fournissant un contrepoids potentiel aux acteurs régionaux déjà présents, elle soulève également des inquiétudes quant à l’intensification des rivalités géopolitiques et à l’aggravation des tensions dans la région. Il est donc crucial de surveiller de près l’évolution de cette coopération et ses implications sur la sécurité et la stabilité régionales.
Alors que le monde s’engage dans la transition énergétique, les pays africains riches en ressources se trouvent au cœur d’une compétition géopolitique. Il est peu probable qu’une coopération militaire entre la Russie et la RDC déclenche directement une guerre entre les superpuissances au cœur de l’Afrique. Dans l’armement, la Russie compte aussi sur sa présence ancienne. Comme le soulignait le représentant de Vladimir Poutine, elle est dans ce domaine « extrêmement compétitive ». Elle vient d’ailleurs de conclure des accords de coopération militaire avec la RDC et avec la RCA. Cependant, une telle coopération pourrait certainement intensifier la rivalité géopolitique entre les grandes puissances pour le positionnement stratégique en Afrique et l’accès aux ressources naturelles précieuses telles que le coltan, l’uranium et d’autres minéraux.
Les superpuissances telles que les États-Unis, la Chine et l’Union européenne ont des intérêts économiques et géopolitiques importants en Afrique, et toute expansion de l’influence russe dans la région pourrait être perçue comme une menace pour leurs propres intérêts. Cela pourrait intensifier la concurrence pour l’accès aux ressources naturelles et le contrôle des marchés africains, alimentant ainsi les tensions géopolitiques. Cela dit, une escalade des tensions géopolitiques en Afrique centrale pourrait avoir des répercussions mondiales en perturbant les marchés mondiaux des matières premières et en exacerbant les conflits régionaux, ce qui souligne l’importance de la diplomatie et du dialogue pour prévenir de tels scénarios.
Tribune Sims Nono Simabatu Mayele
Biographie de l’auteur
Sims Nono Simabatu Mayele est , expert et chercheur en désarmement et contrôle des armements, Ancien Boursier au programme d’études, de formation et de services consultatifs des Nations Unies en matière de désarmement et ancien élève du Centre de politique de sécurité de Genève (GCSP).
Il travaille actuellement comme Directeur exécutif du Centre de Recherche et d’Information pour le Désarmement et la Sécurité (CRIDS). Son travail consiste à mettre en œuvre la direction stratégique et de donner des orientations pour atteindre les objectifs de l’organisation.
Au cours de sa carrière (entre 2011 et 2018), il a travaillé comme membre de l’Autorité Nationale et responsable en charge de la mise en œuvre de la Convention sur l’Interdiction des Armes Chimiques (CIAC/RDC) pour le compte du Ministère des Affaires Étrangères et comme expert sur les questions liées au Désarmement et Sécurité Internationale au Ministère de l’Intérieur, Sécurité et Décentralisation pour le compte du Comité National du Désarmement et sécurité internationale.
Il est détenteur d’une licence en Relations Internationales, option politique Internationale (Université de Kinshasa) et d’un Master en Science Politique, orientation Relations Internationales, spécialité paix et sécurité (Université Libre de Bruxelles).
Diplômé aussi en Droit international du désarmement et la mise en œuvre du Traité sur le commerce des armes au Centre de Politique de Sécurité de Genève (GCSP). Sims Mayele est auteur de publication de plusieurs articles sur la thématique désarmement et contrôle des armements. Il a également participé à plusieurs conférences de haut niveaux, séminaires et formations sur le plan international dans le domaine de la diplomatie, désarmement, maîtrise des armements, paix et sécurité et collabore avec plusieurs organisations internationales dans ce domaine.
Merci beaucoup et mes Vives félicitation à nôtre expert, pour cette exposée de qualité et de haute importance.
A mon avis je pense , que les pays africains souffrent d’une manière ou d’une autre; au manque importante d’un pouvoir décisionnel et imposant de positionnement face aux différents conflits sécuritaires qu’ils enregistrent ces derniers jours.
À mon humble avis, je pense que l’apport d’un Etat de top 5 parmi nos grandes puissances comme (Russie) est de grande importance .Mais la question dont , je me pose ou ma préoccupation est : devrons-nous rester inoffensifs face aux oppressions, juste pour protéger les intérêts géopolitiques au profit de certaines puissances occidentales ou nous avons intérêt de protéger nos frontières et nos populations en s’alliant si possible à ceux qui peuvent nous apporter plus ?
Nous sommes très contents de cette coopération militaire entre la Russie et la RDC, cela va permettre le développement des pays de l’Afrique Centrale, parce que les efforts financier du développement vont souvent à la guerre.