L’exercice Ushirikiano Imara de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) qui vient de s’achever au Rwanda a permis aux États membres d’affiner leurs compétences en matière d’opérations de soutien de la paix (OSP), de lutte contre la piraterie et le terrorisme ainsi que de gestion des catastrophes a indiqué le communiqué final.
Le 13e exercice régional d’entraînement sur le terrain de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC), Ushirikiani Imara (établissement de relations solides) 2024, s’est achevé dans le district de Bugesera au Rwanda, dans la province orientale du Rwanda.
Le ministère de la Défense du Rwanda a affirmé que l’exercice a impliqué des forces militaires, policières et civiles sous le thème « Renforcer l’intégration du secteur de la sécurité et exploiter les intérêts communs conformément à la paix et à la stabilité régionales de l’East African Community ».
En plus des exercices d’entraînement terrestres à l’Académie militaire du Rwanda à Bugesera et dans ses environs, un exercice maritime s’est déroulé également dans le district de Rubavu.
Le Kenya, la Tanzanie, l’Ouganda et le Rwanda, pays hôte, ont participé à ses exercices militaires sans la RDC, le Burundi et la Somalie. Cela prouve que tout ne va pas bien dans l’EAC.
La RDC refuse de verser sa cotisation dans une organisation régionale qu’elle ne trouve pas son compte
De nombreux programmes de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) sont au point mort ces derniers mois en raison d’un manque de liquidités imputé au non-versement de cotisations s’élevant à environ 40 millions de dollars par les États partenaires.
Certains travailleurs de l’organisme régional n’avaient pas encore reçu leurs salaires de mai 2024, et un certain nombre d’organes et d’institutions avaient suspendu leurs activités faute de budget.
La Cour de justice de l’Afrique de l’Est (EACJ), l’organisme de surveillance juridique de la région, a annoncé qu’elle suspendait ses sessions en raison de contraintes financières.
Un rapport sur l’état de la contribution des États partenaires au 17 mai 2024 indique que la République démocratique du Congo n’a pas encore versé sa contribution annuelle bien qu’elle ait rejoint la communauté il y a deux ans.
Les arriérés de contribution de l’EAC
RDC – 14. 704 248 $
Burundi – 12. 726 994 $
Soudan du Sud – 8. 610 255 $
Rwanda – 2. 758 780 $
Ouganda – 960. 774 $
Tanzanie – 122. 694 $
Kenya – 20 $
Les versements en attente ci-dessus des États membres représentent un total de 39 883 765 $ qui devraient permettre d’exécuter le programme et la communauté pour cet exercice financier se terminant dans moins d’un mois.
Bien que la République démocratique du Congo reste le plus grand défaillant, elle doit 14,7 millions de dollars à la communauté. L’année dernière, le Soudan du Sud a reçu une dispense de la part de la communauté qui lui devait plus de 30 millions de dollars.
Félix Tshisekedi a boycotté l’élection de la kényane Veronica Mueni Nduva au poste de secrétaire générale de l’EAC
Lorsque la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) a tenu son 23e Sommet extraordinaire des chefs d’État le 7 juin pour nommer Veronica Mueni Nduva au poste de secrétaire générale, le président congolais Félix Tshisekedi n’était ni présent ni délégué de représentant.
Le fait que Kinshasa n’ait pas assisté à une réunion virtuelle ni présenté d’excuses a été considéré comme le dernier indice indiquant que le pays souhaite quitter le bloc.
Le sommet a eu lieu alors que Kinshasa se préparait à l’investiture du nouveau gouvernement, qui a finalement pris ses fonctions le 12 juin. Les nouveaux responsables semblaient très occupés à mettre en place le nouveau gouvernement, six mois après les élections de 2023.
Le sommet de la EAC devait nommer la nouvelle secrétaire générale de l’organisation, Son Excellence Veronica Mueni Nduva du Kenya. Kinshasa n’a pas assisté au Sommet et n’a même pas pris la peine de s’excuser de son absence, ce qui signifie que la RD Congo est très mécontente d’avoir rejoint l’EAC et souhaite même de se retirer.
Félix Tshisekedi mécontent du rôle du Kenya et son président Ruto comme leader – gestionnaire de l’EAC
Selon plusieurs observateurs, le rôle du Kenya consiste à se comporter en tant que contrôleur et gestionnaire de l’EAC, Ruto, le président du Kenya, semblant avoir abandonné sa rhétorique africaine pré-électorale et même post-électorale.
Le profil économique de la région n’est pas très bon, car les dettes et les budgets déficitaires entachent l’organisation. Ils semblent tous dépendre de l’aide étrangère, qui ne fait qu’étendre et promouvoir l’ingérence étrangère dans les affaires de la région, fragilisant ainsi les objectifs de développement régional interne.
Presque tous les pays de la EAC sont embourbés dans des crises de sécurité intérieure qui menacent non seulement leurs propres sécurités mais aussi la sécurité de tous les pays voisins. La région est également marquée par des disparités impliquant non seulement les langues mais aussi les cultures, les religions, les besoins sociaux, les contextes sécuritaires et culturels, voire les ambitions politiques. A noter que la Somalie, le dernier membre à rejoindre l’EAC, fait également partie de la Ligue arabe dont les objectifs diffèrent grandement de ceux de l’EAC. Certains pays membres de la EAC sont également membres d’autres organisations régionales africaines, qui ne correspondent pas pleinement aux besoins de la EAC. Des pays comme le Burundi, le Rwanda et la République démocratique du Congo font partie de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), tandis que la Tanzanie est également membre du groupe de pays de la SADC. La Somalie, le Soudan du Sud, l’Ouganda, le Kenya et la Somalie sont également membres de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).
Cela présente l’EAC comme une organisation dont les membres sont encore indécis quant à leur destin final. Peut-être cherchent-ils à ce qu’un parti étranger décide à leur place, un peu comme au XIXe siècle, lorsqu’ils furent tous créés par l’Europe.
Certains pays membres de l’EAC sèment le trouble dans d’autres pays membres. Le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi sont tous impliqués dans les troubles en République démocratique du Congo, ainsi que dans l’exploitation minière et la contrebande en République démocratique du Congo, c’est pour cela la République démocratique du Congo n’est peut-être pas à l’aise avec cette organisation. Mais le Kenya et l’Ouganda sont également impliqués en Somalie, soi-disant pour le maintien de la paix, mais en réalité pour d’autres raisons néfastes, notamment le maintien du déséquilibre, de l’instabilité et de la fragilité de la Somalie. Les ambitions du Kenya sur les eaux somaliennes et ses régions du sud sont connues et documentées.
La EAC étant un groupe disparate de pays, n’a pas vraiment de pays leader ou hégémonique, que ce soit en termes militaires et de sécurité, ou économique, ou même de leader remarquable. Il n’est pas étonnant qu’il s’agisse d’une organisation qui va se disloquer.
A l’instar de la CEDEAO, les pays sahéliens notamment le Mali, le Burkina Faso, le Niger et des autres pays veulent se retirer. C’est ce qui attend l’EAC. La République démocratique du Congo et la Somalie pourraient probablement être les premiers pays à quitter l’organisation.
Avec Coco Kabwika