Kamanyola est devenue cette semaine la première base de la MONUSCO à être remise aux autorités de la République démocratique du Congo (RDC), alors que le « désengagement » de la mission des Nations Unies (ONU) commence .
La phase initiale de retrait verra le retrait des forces militaires et policières de la MONUSCO du Sud-Kivu jusqu’en avril. Selon les termes d’un accord entre le gouvernement du président de la RDC Félix Tshisekedi et l’organisation mondiale, la mission, vieille de près de 14 ans, quittera le pays d’ici décembre de cette année, à l’expiration de son mandat.
L’Afrique du Sud, via l’opération Mistral, fait partie des 10 principaux pays contributeurs de troupes (TCC) à la mission. Le personnel et les moyens de la Force de défense nationale sud-africaine (SANDF) en RDC sont un bataillon d’infanterie avec la Brigade d’intervention de la force de la MONUSCO (FIB) ; une force de réaction rapide (QRF) et une unité de renseignement tactique (TIU) rattachées à la FIB ; une unité composite d’hélicoptères de l’armée de l’air sud-africaine (SAAF) et un service de santé militaire sud-africain (SAMHS), comprenant une équipe d’évacuation médicale de zone (AMET) ainsi que des médecins, des infirmières et du personnel de soutien dans un hôpital de Goma.
La base de Kamanyola sera désormais gérée par la Police Nationale Congolaise.
« Ce transfert de responsabilités et d’équipements est l’un des premiers actes de désengagement de la MONUSCO de la province du Sud-Kivu. Le mémorandum conjoint signé le 21 novembre 2023 par le gouvernement de la RDC et la MONUSCO identifie le Sud-Kivu comme la première province dont la MONUSCO doit se retirer dans le cadre de son retrait ordonné, responsable et progressif du pays », a déclaré le porte-parole de la MONUSCO. Le bureau des relations avec les médias lit en partie.
Le chef de la MONUSCO, Bintou Keita, également Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a déclaré : « Nous espérons que la remise de Kamanyola, combinée à la construction en cours par la MONUSCO du sous-commissariat de la Police nationale congolaise, servira de un modèle et une inspiration pour la suite du processus de désengagement de la MONUSCO ».
Kamanyola était composé principalement de militaires pakistanais au cours de ses 19 années d’activité, Keita les remerciant pour leur dévouement et leur excellent service. Le Pakistan est le deuxième plus grand pays contributeur de troupes de la MONUSCO derrière l’Inde.
S’exprimant lors de la passation de pouvoir à Kamanyola, Keita a souligné que le retrait de la MONUSCO du Sud-Kivu n’était « pas synonyme du départ de l’ONU de la RDC ». Elle a qualifié cela de « reconfiguration » de la présence de l’ONU.
« Après le départ de la MONUSCO, les agences, fonds et programmes des Nations Unies continueront à apporter leur soutien conformément à leurs mandats respectifs. La responsabilité de la protection des civils et de la sécurité incombera exclusivement au gouvernement congolais », indique-t-elle dans le communiqué.
Alors que la MONUSCO se retire, l’Afrique du Sud, la Tanzanie et le Malawi sont en train de créer la mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) en RDC (SAMIDRC), forte de 5 000 hommes, l’Afrique du Sud autorisant le déploiement de jusqu’à 2 900 soldats jusqu’à la mi-décembre.
Le SAMIDRC connaît un début difficile, avec deux soldats sud-africains tués et trois blessés dans une attaque au mortier du M23 ce mois-ci, tandis que des rapports en provenance de RDC indiquent que le 29 février, les forces du M23 ont attaqué des véhicules tanzaniens, blessant un soldat tanzanien et un civil.
Cyril Mokoena