Lors du procès concernant le coup d’État avorté du 19 mai dernier, parmi les accusés se trouve Jean-Jacques Owando, un Congolais qui résidait en Europe et qui a été rappelé au pays pour participer aux réformes de l’Agence nationale de renseignements (ANR). Il bénéficie d’une solide expérience en matière de sécurité, étant diplômé de l’École royale militaire (ERM) et titulaire d’un brevet des Hautes études de sécurité et de défense de l’Institut royal supérieur de défense en Belgique. De plus, il est titulaire d’un master en criminologie de l’Université de Liège et d’un post-graduate en science politique de l’Université Libre de Bruxelles.
Jean-Jacques Owondo est en procès pour avoir prêté son véhicule au chef de gang Christian Malanga lors de la nuit du 19 mai 2024, marquée par une tentative de coup d’État. Ce chef d’accusation est le principal reproche qui lui est fait, auquel s’ajoute une photo de 2016 le montrant en compagnie de Christian Malanga, utilisée par le ministère public pour étayer l’accusation d’association de malfaiteurs. De plus, il lui est reproché d’avoir effacé des messages sur son téléphone.
Mais à l’audience publique de ce lundi 08 juillet à la prison militaire de Ndolo, le ministère public a eu trop de difficultés pour asseoir ses accusations, accablé et malmené par les questions de Me Carlos Ngwapitshi, avocat de la défense.
A la question par exemple de donner la couleur de la jeep que le ministère public prétend monsieur Owondo avoir mis à la disposition des assaillants, c’était à quelle occasion et à quelle heure, l’Organe de la loi s’est contenté de parler d’une Hyundai Tucson immatriculée 5260BH/01, dotation de l’Etat à Jean-Jacques Owondo. « Quelle couleur, où et quand ce véhicule avait été remis à Christian Malanga et monsieur Owondo était habillé comment ? », rétorque Me Carlos Ngwapitshi. Pas de réponse concrète de la part du ministère public qui est revenu sur la marque et la plaque du véhicule.
A la relance du président du Tribunal militaire de savoir quand et où ce véhicule a été donné aux assaillants : est-ce la nuit du 19 mai ou avant ? le ministère public n’a pas donné une réponse précise, prétextant que Jean-Jacques Owondo a cédé son véhicule pendant tout le temps que Christian Malanda était à Kinshasa, le véhicule de fonction lui remis par l’ANR afin que ce dernier passe inaperçu et ne soit pas inquiété par la police de circulation routière.
« Le ministère public n’est pas un daltonien pour ne pas distinguer les différentes couleurs, mais nous constatons qu’il ne sait pas identifier la couleur du véhicule, objet même de l’infraction », fait observer Me Carlos Ngwapitshi demandant au Tribunal de tirer toutes les conséquences.
Et d’enchaîner avec une autre question : « Le ministère public peut-il nous confirmer que tous les véhicules ayant servi aux assaillants, le jour même de l’événement, parmi ces véhicules y a-t-il un qui n’a pas été saisi et lequel ? ».
Réponse du ministère public : « Je le dis de manière claire, le prévenu Owondo Jean-Jacques a mis à la disposition de Christian Malanga sa jeep, dotation de l’Etat, tout le temps qu’il est ici à Kinshasa comme jeep de l’ANR pour ne pas être interpellé, il s’en est servi, il connaît bien, nous sommes clair ».
Etant donné qu’en matière pénale la preuve est libre, à la question que le ministère public donne la source de son soutènement, d’où tire-t-il cette prétention ou quelle preuve qu’il détient démontrant que Owondo a mis à la disposition de Christian Malanga sa jeep Hyundai Tucson de couleur inconnue, le ministère public répond : « Quelle source ? quelle source ? Me n’a qu’à tirer les conséquences de droit par rapport à la remise et au lieu, quand et où le véhicule a été remis. Mais nous, nous disons que la personne à qui on a donné la jeep c’est Jean-Jacques Owondo le prévenu. C’est à lui de nous dire où se trouve cette jeep-là ».
Réplique de Me Carlos Ngwapitshi : « Je pense que le professeur Bayuna n’est pas d’accord avec le ministère. En matière pénale, la preuve incombe à la partie qui accuse. C’est le ministère public nous accuse ici et ce n’est pas au ministère public de nous demander de prouver ses prétentions. Comprenez tout simplement qu’il est incapable de répondre à cette question ».
Séance tenante, le prévenu Youssouf cité à l’audience du 25 juin dernier par le ministère public comme la personne ayant confirmé que c’est le véhicule de Jean-Jacques Owondo qui avait servi à évacuer les corps des assaillants, a été appelé devant la barre. Ce dernier n’a pas confirmé les propos lui attribués et a cité tous les véhicules qui les avaient aidés dans leur opération, sauf de marque Hyundai. « Il n’y avait pas de Hyundai », a soutenu le prévenu Youssouf.
Et Me Carlos de conclure : « Il n’y a aucun témoignage, aucun renseignement ou encore un aveu. Nous constatons qu’au dossier, il n’y a aucune preuve soutenant l’argumentation du MP. D’où tire-t-il cet argument tendant à attribuer la jeep qui aurait servi aux assaillants de transport à monsieur Owondo au service de l’ANR ? ».
Versée au dossier comme pièce de conviction une photo de Christian Malanga avec Jean-Jacques Owondo, Me Carlos Ngwapitshi a opposé un tas des photos où l’on voit son client avec le président Tshisekedi, où il est avec Samy Badibanga, Jean-Claude Vuemba et le chef de l’Etat, où il est avec le chef de l’Etat, Mbusa Nyamwisi, Samy Badibanga, Gilbert Kankonde ; où il est avec Martin Fayulu ou encore avec le cardinal Fridolin Ambongo et monseigneur Utembi. Si la photo de Owondo avec Christian Malanga est une incrimination, pourquoi toutes les autres personnes sur diverses photos avec le même Christian Malanga ne sont-elles pas interpellées ? questionne Me Carlos Ngwapitshi qui se demande quelle infraction veut-on inventer pour quelqu’un qui a supprimé les messages de son téléphone dont personne ne connait les contenus.
La prochaine audience est fixée au 12 juillet 2024.
Jean-Jacques Owondo : Victime d’une guerre de palais ?
Ancien sous-officier de la GACI (Garde civile) à l’époque de Mobutu, diplômé de l’École royale militaire et titulaire d’un brevet des Hautes études de sécurité et de défense de l’Institut royal supérieur de défense en Belgique, mais aussi détenteur d’un master en criminologie de l’Université de Liège et un post-graduate en science politique de l’Université Libre de Bruxelles comme dit précédemment, Jean-Jacques Owondo qui vivait à Bruxelles loin de son Sankuru natal, a été rappelé, fait-on savoir à Scooprdc.net, par le président Tshisekedi pour contribuer à la réforme de l’ANR.
La réforme qui lui aurait causé des ennuis au sein de ce service d’intelligence, c’est l’obligation pour l’ANR de ne pas garder longtemps dans ses geôles et ce, hors délai légal les personnes arrêtées, mais de vite les déférer devant les tribunaux civils ou militaires, selon le cas. Cette exigence, apprend le média en ligne, n’est pas du goût des hautes barbouzes habituées à fatiguer moralement les personnes arrêtées en les gardant longtemps au cachot, dans le seul but de les truander facilement de grosses sommes d’argent. C’est ce camp des barbouzes qui aurait fomenté ce complot contre le « prétentieux » Jean-Jacques Owondo pour se débarrasser de lui. Comme ce fut le cas avec François Beya.
ScoopRDC