À deux jours de l’élection présidentielle, le candidat numéro 3, Moïse Katumbi, semble être confronté à des difficultés majeures dans sa campagne électorale. En effet, son équipe de communication n’a pas réussi à imposer une rhétorique efficace pour contrer son principal adversaire, Félix Tshisekedi, le président sortant.
Communication défaillante
Sur le plan de la communication, l’équipe de campagne de Moïse Katumbi a été en retrait, se laissant dicter le tempo par son adversaire et se retrouvant dans une position défensive. De plus, la gestion de sa biographie a été problématique, notamment en ce qui concerne sa nationalité zambienne et ses origines juives. Ces éléments n’ont pas été correctement abordés et ont été exploités par ses adversaires.
De plus, la préparation de la biographie de Moïse Katumbi a été insuffisante. Bien que l’homme revendique la nationalité de son père, un juif, son équipe n’a pas su valoriser cet aspect dans un contexte de guerre où le nationalisme est mis en avant. De même, la question de sa nationalité zambienne n’a pas été correctement traitée, occultant ainsi une partie importante de sa campagne.
Par ailleurs, le candidat numéro 3 n’ayant pas une maîtrise suffisante du Lingala, aurait dû s’exprimer en Swahili avec des interprètes, à l’instar de Joseph Kabila en 2006. Son absence lors de la présentation de son programme économique et lors des séances de questions-réponses médiatisées l’ont également desservi, le présentant comme un candidat manquant de capacité à diriger.
Des erreurs stratégiques
D’un point de vue stratégique, Moïse Katumbi n’a pas réussi à fédérer les poids lourds de l’opposition, contrairement à son adversaire Félix Tshisekedi qui a su rassembler autour de lui des personnalités influentes. La tentative tardive de l’Afrique du Sud pour le soutenir s’est soldée par un échec.
En mettant en place l’Union Sacrée, Félix Tshisekedi visait déjà sa réélection pour un second mandat. Cette plateforme devait lui permettre de mieux gouverner après l’échec de la coalition FCC et CACH, mais en réalité, elle était conçue comme un outil politique pour obtenir un second mandat. Ainsi, le candidat numéro 20 avait une longueur d’avance sur les autres candidats. Moïse Katumbi devait alors travailler à rassembler autour de lui, tandis que son adversaire politique alignait deux poids lourds, Jean-Pierre Bemba et Vital Kamerhe. Katumbi, quant à lui, s’était entouré de candidats moins expérimentés dans une élection présidentielle.
En outre, l’absence de son épouse Carine Nahayo lors de ses différents meetings a été exploitée par son adversaire pour affaiblir sa position en utilisant des arguments nationalistes et patriotiques. L’homme devait défendre et exhiber son épouse en dépit de ses origines burundaises.
À deux jours du scrutin, il apparaît que Moïse Katumbi est confronté à un possible échec électoral en raison d’une préparation insuffisante et de choix stratégiques inappropriés. Ces éléments soulignent l’importance d’une communication et d’une stratégie politique efficaces dans une campagne électorale.
Roger Lazio