Le 21 février 2024 au soir, lors d’une vidéoconférence depuis les États-Unis, où il réside, Paul Rusesabagina s’est adressé à la Commission parlementaire des droits de l’homme du Royaume-Uni, composée de membres des deux chambres du Parlement. Rusesabagina, un critique du gouvernement rwandais, a détaillé son arrestation et le traitement qui a suivi au Rwanda, décrivant ses conditions de détention comme s’apparentant à une détention dans un « abattoir » sans aucune forme de liberté ou de justice.
Rusesabagina, connu pour son opposition au gouvernement rwandais, a partagé son expérience d’enlèvement à Dubaï et d’avion vers Kigali en août 2020, pour être libéré en mars 2023, en grande partie grâce à la pression des États-Unis. Au cours de ses deux ans et sept mois de détention, il a déclaré qu’aucun membre de sa famille ou ami n’était autorisé à lui rendre visite, décrivant sa capture et le traitement inhumain qu’il avait enduré. Il a raconté avoir eu les yeux bandés, ligoté et soumis à la torture pendant quatre jours dans un endroit où, selon lui, d’autres ont également été torturés et tués.
En septembre 2021, un tribunal rwandais l’a condamné à 25 ans de prison, le déclarant coupable de terrorisme. Cependant, Rusesabagina a contesté l’équité de son procès, affirmant qu’il n’avait pas été jugé de manière impartiale et que la représentation juridique qui lui avait été offerte était insuffisante, le gouvernement rwandais ayant refusé son choix d’avocats étrangers.
Lors de son interaction avec le comité britannique chargé d’enquêter sur la situation des droits de l’homme au Rwanda à la lumière de l’accord d’expulsion des demandeurs d’asile entre le Royaume-Uni et le Rwanda, Rusesabagina a souligné le manque d’indépendance du système juridique et politique du Rwanda. Il a critiqué le Front patriotique rwandais (FPR), dirigé par le président Paul Kagame, suggérant que s’opposer ou critiquer le gouvernement équivaut à être un ennemi de l’État, potentiellement menacé de mort.
Rusesabagina a également évoqué les répercussions personnelles sur les membres de sa famille au Rwanda, qui étaient régulièrement soumis à des interrogatoires et à des pressions en raison de leur association avec lui. Malgré une lettre publiée par le ministère rwandais de la Justice affirmant les remords de Rusesabagina et sa demande de grâce, qu’il aurait écrite au président Kagame, Rusesabagina et son équipe juridique n’ont pas publiquement commenté son authenticité.
Le Rwanda a toujours nié les allégations de mauvais traitements infligés à Rusesabagina. Cependant, son récit soulève d’importantes inquiétudes quant aux droits de l’homme et à l’État de droit dans le pays. La libération de Rusesabagina, selon lui, a été influencée par le tollé international, notamment de la part des États-Unis, ce qui suggère que son cas a retenu l’attention en raison de sa notoriété internationale.
Rusesabagina, devenu célèbre après la sortie du film « Hôtel Rwanda », qui dépeint ses efforts pour sauver des centaines de vies pendant le génocide rwandais de 1994, est depuis un opposant virulent du gouvernement du président Kagame. Malgré les réfutations du gouvernement rwandais et ses efforts pour présenter une image différente, le témoignage de Rusesabagina devant la commission parlementaire britannique souligne les débats en cours sur les droits de l’homme et la justice au Rwanda, remettant en question le discours sur la sûreté et la sécurité promu par certains partenaires internationaux, y compris le gouvernement britannique
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