Depuis la fin de l’année 2021, le président du Rwanda, Paul Kagame, a réactivé le Mouvement du 23 Mars (M23), un groupe rebelle congolais pro-rwandais dans la province du Nord-Kivu, à l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Le M23 avait été complètement défait en 2013 par les Forces armées de la RDC, avec le soutien musclé de la Brigade d’intervention de la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO), composée de troupes sud-africaines, malawites et tanzaniennes.
Il se peut que l’histoire se répète dans la région troublée de l’Est de la RD Congo. Comme en 2013, les troupes de l’Afrique du Sud, du Malawi et de la Tanzanie sont sur le point d’être déployées dans la même province du Nord-Kivu pour combattre le même ennemi, le M23. Cette fois-ci, ces troupes interviendront sous l’égide de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), dont fait partie la RDC.
Il semble que les autorités de la République démocratique du Congo aient réalisé leur erreur en demandant l’aide des troupes de la Communauté des États de l’Afrique de l’Est, dirigées par le Kenya, pour vaincre le M23 soutenu par l’armée rwandaise, comme en témoignent plusieurs rapports d’experts de l’ONU. Cette demande d’aide est survenue peu après l’adhésion de la RDC à l’EAC.
Les Congolais ont rapidement déchanté sur le terrain en réalisant que les troupes déployées par l’EAC au Nord-Kivu ont soigneusement évité d’affronter les troupes du Rwanda sous couvert du M23. Malgré la présence du Rwanda au sein de l’EAC, la RDC n’a pas pu récupérer son intégrité territoriale car des portions importantes des territoires de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo au Nord-Kivu sont toujours occupées par l’Armée de Paul Kagame qui tente de se cacher derrière le M23. Cette situation fait craindre la balkanisation de fait de la RDC dans sa partie orientale. Le mandat des troupes de l’EAC prend fin le 8 décembre 2023, et la RDC a refusé de le renouveler, entraînant ainsi la rupture de la coopération militaire entre l’EAC et la RDC.
La guerre imposée à la RDC par le Rwanda a causé l’une des pires crises humanitaires de la planète. Le nombre de déplacés de guerre ne cesse d’augmenter dans la partie orientale de la RDC, où des millions d’êtres humains ont fui leurs foyers pour vivre dans des conditions infrahumaines dans des abris de fortune.
Face à cette situation désastreuse sur le plan humanitaire et sécuritaire, les autorités de Kinshasa ont sollicité l’intervention militaire de la SADC au Nord-Kivu pour mettre fin aux visées déstabilisatrices et hégémoniques du régime en place à Kigali dans cette région martyre de l’Est de la RDC. Les choses évoluent rapidement, car les premières troupes de la SADC seront déployées au Nord-Kivu à partir du 30 novembre 2023.
Avec CNTV