‎Répression dans les mines du Lualaba par le ministre de la Justice dans un contexte où 9 membres de la famille présidentielle Tshisekedi sont visés par la procureure belge Ann Fransen



‎Le secteur minier congolais est à nouveau secoué par une annonce judiciaire majeure. Le ministre de la Justice, Guillaume Ngefa Atondoko Andali, a ordonné des poursuites contre un vaste réseau de fraudeurs au Lualaba, s’appuyant sur un rapport accablant de la Commission nationale de lutte contre la fraude minière (CNLFM).

Cette annonce, d’une fermeté apparente, survient dans un contexte politique chargé, marqué par des allégations de « poursuites » de pilleurs par la Garde Républicaine (GR) et, simultanément, par le lancement de la phase préliminaire par la procureure fédérale belge Ann Fransen pour pillage à l’encontre de plusieurs membres Tshisekedi.

L’injonction du ministre de la Justice semble être une réponse directe à une situation devenue intenable. Mais que cache réellement cette offensive judiciaire ? S’agit-il d’une véritable volonté de démanteler un système, ou d’une manœuvre politique pour calmer les esprits et protéger des intérêts supérieurs ?

Le rapport officiel de la CNLFM, tel que cité par le ministre, est sans appel. Il détaille de graves irrégularités de gouvernance, l’occupation illégale de sites miniers et des réseaux de fraude et de contrebande à grande échelle. Plus important encore, ce rapport identifie formellement les coupables : des civils, des étrangers, mais aussi des militaires de la 22e région, des policiers et des éléments de la Garde Républicaine.

Cette situation suggère deux hypothèses :
‎ * La « poursuite » des pilleurs : Il pourrait s’agir d’une opération de diversion. On s’attaque aux acteurs les plus visibles et les plus faibles de la chaîne – les creuseurs artisanaux ou « pilleurs » – pour donner l’illusion d’une restauration de l’ordre, tout en laissant intact le système de fraude « à grande échelle » géré par les réseaux organisés.
‎ * Une purge interne : Il est possible que l’ordre du ministre vise des éléments « incontrôlés » de la GR et des FARDC qui auraient dépassé les bornes, menaçant la stabilité du système lui-même.
‎Cette action pourrait servir plusieurs objectifs :
‎ * Contrôler le narratif : En lançant sa propre enquête (basée sur la CNLFM), le gouvernement reprend l’initiative et évite que les accusations contre la famille présidentielle ne restent une coquille vide.
‎ * Sacrifier des fusibles : L’enquête visera-t-elle les « réseaux » ou simplement les « éléments » ? Il est plus facile de sacrifier des commandants locaux ou des policiers corrompus (les fusibles) que de démanteler un système qui, selon les allégations externes, profiterait à l’élite (les « tireurs de ficelles »).
‎ * Nettoyer pour mieux régner : Il pourrait aussi s’agir de nettoyer les sites miniers des occupants illégaux (militaires inclus) non pas pour l’État, mais pour faire place nette à des intérêts mieux protégés ou plus officiels.

Un Test de Crédibilité

L’offensive lancée par le Garde des Sceaux est un véritable test de crédibilité pour le gouvernement. Le fait que le rapport de la CNLFM, un organe officiel, ose nommer la Garde Républicaine est un pas notable qui rompt avec l’impunité habituelle.

‎Aimé Binda

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