À la veille de son incarcération à la prison de la Santé, à Paris, le 21 octobre, l’ancien président français a reçu plus d’une dizaine d’appels de chefs d’État africains.D’Alassane Ouattara à Paul Kagame, pluie de soutiens pour Nicolas Sarkozy, a rapporté Africa Intelligence.
Plusieurs dirigeants africains ont exprimé leur soutien à l’ancien président français Nicolas Sarkozy, qui purge depuis octobre 2025 une peine de cinq ans de prison pour association de malfaiteurs.Ce message de solidarité s’inscrivait dans le cadre d’une action coordonnée plus vaste menée par plusieurs dirigeants africains qui ont critiqué la décision de la Cour française.
L’affaire Sarkozy touche aussi les présidents africains de près, car nombre d’entre eux ont des proches qui sont également poursuivis devant les tribunaux français.
Alassane Ouattara
Le président ivoirien a été parmi les premiers à exprimer son soutien, se déclarant « profondément affecté » par la décision du tribunal français . Alassane Ouattara et Sarkozy entretiennent des liens étroits depuis plus de deux décennies. Ouattara avait déjà contacté Sarkozy en janvier 2025, lors de son procès pour financement illégal de campagne électorale en Libye, lui offrant son soutien pendant cette « épreuve ».
Paul Kagame
Kagame a contacté à son tour Sarkozy directement pour lui témoigner son soutien après que la justice avait restreint les déplacements de Sarkozy et affecté ses activités de conseil en bussiness en Afrique.Les liens entre Sarkozy et Kagame ont débuté avec les efforts de Sarkozy pour restaurer les relations diplomatiques endommagées entre la France et le Rwanda après le génocide de 1994. Un tournant historique s’etait produit en 2010 lorsque Sarkozy est devenu le premier président français à se rendre au Rwanda depuis le génocide. Lors de cette visite, il avait reconnu les « graves erreurs de jugement » de la France dans son soutien au gouvernement hutu, sans toutefois présenter d’excuses officielles.Malgré le départ de Sarkozy en 2012, lui et Kagame ont conservé une amitié et se sont rencontrés à plusieurs reprises depuis 2018. En 2024, Sarkozy avait également assisté à la 30e commémoration du génocide rwandais à Kigali.
En outre, Sarkozy avait servi d’intermédiaire discret entre Kigali et Paris depuis son départ, organisant des réunions avec Kagame et des responsables français pour faciliter le processus de réconciliation.
Félix Tshisekedi
Félix Tshisekedi (RDC), le président de la République démocratique du Congo a également contacté Sarkozy.En mars 2023, Tshisekedi a accueilli Sarkozy à Kinshasa et a discuté de la crise du M23 dans l’est de la RDC. Tshisekedi espérait que Sarkozy pourrait tirer parti de ses bonnes relations avec le président rwandais Paul Kagame pour servir de médiateur dans le conflit.
La visite de mars 2023 de Nicolas Sarkozy à Kinshasa comportait également un volet business , Sarkozy représentant la société des pari et jeux hasard en ligne Betclic. Le ministre congolais des Hydrocarbures de l’époque , Didier Budimbu, avait contribué à l’organisation de ce voyage.Sarkozy, partenaire du propriétaire de Betclic, a mené des actions de lobbying au nom de l’entreprise pour accéder au marché des jeux d’hasard, pari et casino en RDC. Accompagné de Julien Brun, directeur des opérations du groupe Betclic, il avait présenté sa proposition à plusieurs responsables congolais.
À Kinshasa et dans d’autres capitales africaines, Sarkozy avait utilisé ses relations pour promouvoir les intérêts commerciaux de Betclic. L’ argument de Sarkozy auprès des responsables gouvernementaux africains était que l’ouverture du secteur des jeux d’hasard, pari d’argent en ligne à la concurrence générerait d’importantes recettes fiscales et contribuerait à lutter contre les activités de jeu illégales.
Denis Sassou Nguesso
Sassou Nguesso a pris contact avec Sarkozy quelques jours avant son incarcération. Dans le cas Sassou, L’affaire Sarkozy représente une inquiétude quant à son impact potentiel sur les personnalités africaines poursuivies devant les tribunaux français.
Des membres de la famille de Sassou Nguesso ont été impliqués dans des procédures judiciaires françaises liées à des « biens mal acquis », ce qui rend la condamnation de Sarkozy particulièrement retentissante à Brazzaville .
Patrice Talon (Bénin) : Talon a également contacté l’ancien président français, avec lequel il entretient des liens étroits depuis plusieurs années.
Macky Sall (ancien président sénégalais) : Sall a eu une réunion discrète avec Sarkozy à Paris quelques mois avant sa condamnation.
Les expressions de solidarité des dirigeants africains sont interprétées comme une critique de la décision de justice française et une inquiétude quant à son impact potentiel sur les personnalités africaines poursuivies devant les tribunaux français.
Plusieurs de ces dirigeants ou leurs proches sont impliqués dans des procédures judiciaires françaises. Ce qui rend la condamnation de Sarkozy particulièrement une affaire africaine.
Aimé Binda