Sous pression budgétaire, la Monusco enclenche le retrait d’une partie de ses casques bleus.
Déjà très affaiblie, la mission de l’ONU pour la stabilisation est directement touchée par les coupes budgétaires décidées par Washington, l’obligeant à des arbitrages douloureux.
Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a appelé le Président congolais Félix Tshisekedi le 8 octobre 2025 pour confirmer les coupes budgétaires drastiques affectant la mission de maintien de la paix de l’ONU, la MONUSCO. Cette annonce s’inscrit dans le cadre d’une réduction plus large et imposée au niveau mondial des forces de maintien de la paix de l’ONU en raison d’un important déficit de financement.
À l’échelle mondiale : L’ONU est contrainte de réduire ses forces de maintien de la paix d’environ 25 %, une réduction qui touche neuf des onze missions actives. Cette décision fait suite à l’accord des États-Unis de ne verser qu’environ la moitié de leur contribution statutaire au budget du maintien de la paix.
Ces coupes budgétaires, qui impactent les missions dans neuf pays, résultent de la politique « America First » de Washington sous l’administration actuelle.Environ 13 000 à 14 000 militaires et policiers, soit environ 25 % des forces totales, seront retirés du service. Le budget global du maintien de la paix sera réduit d’environ 15 % pour le prochain exercice. La contribution des États-Unis au maintien de la paix a été réduite de 1 milliard de dollars à 680 millions de dollars. En tant que principal contributeur, représentant plus de 26 % du financement, cette évolution a eu un impact majeur.
Pour la MONUSCO, les coupes budgétaires, qui s’inscrivent dans une réduction plus large de 15 % du budget de maintien de la paix, nécessitent une refonte significative de sa stratégie de déploiement, notamment dans les régions instables de l’est de la RDC.En conséquence, la MONUSCO accélère le transfert d’une grande partie de sa logistique et de son personnel de sa base traditionnelle de Goma, au Nord-Kivu, vers d’autres sites comme Entebbe, en Ouganda, et Beni et Bunia, en RDC. La possibilité d’un retrait des zones actuellement contrôlées par le groupe rebelle M23 était déjà évoquée à l’ONU en septembre 2025.
La décision a été décrite par Guterres comme nécessitant des « compromis douloureux ». Un responsable de l’ONU a également souligné que ces coupes budgétaires pourraient avoir des conséquences sur la surveillance des cessez-le-feu, la protection des civils et la coordination de l’aide humanitaire.Alors que le Conseil de sécurité de l’ONU avait prolongé le mandat de la MONUSCO jusqu’en décembre 2025, la mission avait déjà entamé un retrait progressif à la demande du gouvernement congolais. Cependant, l’escalade de la violence a entraîné une suspension du retrait en juillet 2025. Ce dernier développement suggère que les nouvelles contraintes budgétaires imposeront un processus de retrait accéléré et potentiellement plus difficile.
Les réductions financières ont affaibli les capacités de la MONUSCO, tant pour les actions militaires que pour les missions de bons offices.
Le groupe rebelle M23 a étendu son contrôle dans les provinces de l’est de la RDC, s’emparant des capitales provinciales de Goma en janvier 2025 et de Bukavu en février 2025. La MONUSCO s’était concentrée sur ces régions, mais le M23 a empêché ses soldats de la paix de la Monusco d’entrer dans les zones sous son contrôle.L’ envoyée spéciale de l’ONU, Binta Keïta, a signalé fin septembre 2025 que le M23 empêchait les soldats de la paix de signaler les abus et que le nombre de victimes civiles augmentait, en particulier en Ituri et au Nord-Kivu.
Coco Kabwika