Ce que l’on sait de l’attaque sanglante d’une église à Komanda qui a fait au moins 43 morts

Komanda, République démocratique du Congo – La localité de Komanda, située dans le territoire d’Irumu en province de l’Ituri, a été le théâtre d’une nouvelle atrocité dans la nuit du samedi 26 au dimanche 27 juillet 2025. Une attaque d’une violence inouïe, attribuée aux rebelles des Forces Démocratiques Alliées (ADF), a visé une église catholique, causant la mort de plus de quarante personnes et ravivant les craintes d’une nouvelle escalade de la violence dans une région déjà meurtrie par des années de conflit.

Selon les informations recoupées de plusieurs sources locales, religieuses et de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), des assaillants lourdement armés ont fait irruption dans l’édifice religieux alors que des fidèles étaient rassemblés. Le bilan, encore provisoire, fait état d’au moins 43 morts, de nombreux blessés et de plusieurs personnes enlevées. Des témoins décrivent des scènes d’horreur, les assaillants ayant utilisé des armes à feu et des armes blanches pour perpétrer le massacre.

Cette attaque met brutalement fin à une période d’accalmie relative observée dans cette partie de l’Ituri. Elle porte la marque sanglante des ADF, un groupe armé d’origine ougandaise affilié à l’organisation État Islamique, et connu pour ses exactions d’une extrême brutalité contre les populations civiles dans l’est de la RDC.

La MONUSCO a fermement condamné cette attaque, la qualifiant de crime de guerre, et a annoncé une intensification de ses efforts pour protéger les civils en Ituri. Les forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), en collaboration avec les forces ougandaises présentes dans le cadre d’opérations conjointes, se sont mobilisées pour sécuriser la zone et traquer les auteurs de ce carnage.

Ce massacre s’inscrit dans un contexte sécuritaire et humanitaire déjà très dégradé en Ituri. La province est en proie à la violence de multiples groupes armés, dont les ADF mais aussi diverses milices communautaires comme la CODECO (Coopérative pour le développement du Congo). Selon les rapports d’organisations humanitaires telles que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) et le Global Protection Cluster, les populations civiles sont les principales victimes de ces conflits. Les attaques contre les civils, les homicides, les enlèvements, les violences basées sur le genre et le recrutement d’enfants-soldats sont des violations quasi-quotidiennes des droits humains.

En février 2025, OCHA alertait déjà sur la situation humanitaire alarmante en Ituri, avec des dizaines de milliers de personnes déplacées et un besoin urgent d’assistance multisectorielle. Les attaques récurrentes entravent l’accès humanitaire et aggravent la précarité des populations, qui peinent à accéder à leurs champs et à subvenir à leurs besoins essentiels.

Le drame de Komanda souligne une fois de plus l’insuffisance des moyens déployés par les autorités congolaises et leurs partenaires internationaux à éradiquer la menace des groupes armés et à assurer une protection efficace des civils dans l’est du pays. Malgré l’instauration de l’état de siège dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu et les opérations militaires conjointes, les groupes armés conservent une capacité de nuisance considérable, semant la terreur et le deuil au sein des communautés locales.

Face à cette nouvelle tragédie, la société civile et les organisations de défense des droits de l’homme appellent à une réponse plus robuste et à une véritable stratégie de long terme pour restaurer la paix et la sécurité en Ituri. Cela passe non seulement par une action militaire coordonnée et efficace, mais aussi par des efforts accrus en matière de justice pour les victimes, de désarmement, de démobilisation et de réinsertion des ex-combattants, ainsi que par des initiatives de développement visant à s’attaquer aux causes profondes des conflits.

DM

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