La présidence de Félix Tshisekedi tancée par la SADC pour ses retards de paiement. Antananarivo avait accueilli le dimanche 17 août le 45e sommet des Chefs d’État et de gouvernement de la SADC, la Communauté de développement de l’Afrique australe. Le Président congolais Félix Tshisekedi avait en revanche annulé sa venue en dernière minute, officiellement pour « des raisons d’agenda ».Il s’était fait représenter par son vice-premier ministre chargé de la défense, Guy Kabombo Muadiamvita. En réalité, son absence se justifie par le fait que le chef de l’État congolais courait le risque d’être privé de prise de parole, faute d’avoir payé l’intégralité de sa contribution à la force conjointe de la SAMIDRC.
L’opération SAMIDRC, dont le coût annuel était estimé à 500 millions de dollars, s’est heurtée à un déficit de financement. La RDC n’a pas tenu sa promesse de payer la totalité de sa contribution de 200 millions de dollars de la RDC et l’autofinancement des déploiements par les pays contributeurs de troupes s’est heurté à des réalités diverses de crises financières .
L’Afrique du Sud a budgétisé 145,2 millions de dollars pour le déploiement de ses troupes de décembre 2023 à décembre 2024 alors que son armée fait face à une crise budgétaire sans précédent . Les dirigeants de la SADC avaient souligné que l’organisme régional ne pouvait à lui seul stabiliser l’est de la RDC . Bien que le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA , principal organe responsable de la paix et de la sécurité sur le continent avait facilité une allocation non spécifiée publiquement pour la SAMIDRC à hauteur des 7 millions de dollars versés par la Facilité de réserve de crise du Fonds pour la paix de l’UA en 2024,la mission a fait recours à l’appui logistique des Nations Unies.
Selon le ministère de la Défense d’ Afrique du Sud , le déploiement prévu des forces qui devait commencer le 15 décembre 2023, a été retardé en raison d’un manque d’avions disponibles. Alors que la SAMIDRC visait à atteindre sa pleine capacité opérationnelle avec un effectif cible de 5 000 soldats à partir de juillet 2024 , seulement 1 300 avaient été déployés dans l’est de la RDC en octobre 2024. En plus d’être en sous-effectif , le SAMIDRC manquait de moyens aériens essentiels comme des hélicoptères de transport et d’attaque, ainsi que d’équipements modernes comme des véhicules aériens sans pilote (UAV), limitant sa capacité à effectuer une surveillance et à fournir un appui aérien rapproché . En outre, les retards dans la réception du matériel de la base logistique continentale de l’Union africaine (UA) au Cameroun en raison des contraintes de transport aérien stratégique de l’UA et de la SADC ont encore compliqué l’opération. La SADC avait demandé le soutien de l’ONU pour le SAMIDRC.
Le gouvernement sud-africain a financé l’opération russe de transport de troupes et matériel militaire vers Goma à la place de la RDC
Face aux difficultés de transport de troupes sud-africaines vers Goma, la RDC avait proposé de payer les vols quotidiens, assurés par quatre avions-cargos Iliouchine IL-76 et que des devis avaient été obtenus à cet effet. Cependant, la gestion du contrat a été soudainement reprise par l’armée de l’air sud-africaine (SAAF) et par Armscor, dans le cadre du contrat gouvernemental RT61 existant pour les vols cargo. Si l’Il-76 de l’armée de l’air angolaise avait géré certains vols, l’un des appareils avait été spécialement affrété à Moscou pour apporter son aide dans le cadre d’un accord spécial entre l’Afrique du Sud et la Russie. L’avion russe appartenait à Aviacon Zitotrans, qui participait auparavant au transport du matériel militaire. Ces avions ont acheminé du matériel neuf et des troupes vers Goma en RDC.
La Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) alloue des fonds aux pays contributeurs pour soutenir les militaires déployés.Outre les fonds alloués par l’organisme régional, chaque pays contributeur rémunère ses soldats déployés conformément aux politiques nationales. Ces indemnités sont versées mensuellement aux soldats déployés. A la fin de la mission, la SADC donne une compensation aux pays contributeurs de troupes (TCC) pour chaque soldat déployé en mission ».L’indemnisation n’est pas versée individuellement au personnel ; elle est versée à un pays en reconnaissance de la contribution de troupes à une mission.
L’Afrique du Sud, le plus grand pays contributeur de la SADC avec l’opération Thiba a subi des pertes humaines avec 14 morts, lorsque ses troupes affrontaient les rebelles du M23 à Sake et Goma. Plusieurs soldats du Malawi et de Tanzanie, autres pays contributeurs de troupes à la SAMIDRC, ont également perdu la vie. Puisque la RDC n ‘a pas payé la totalité de sa cotisation, le bloc régional et les pays contributeurs de troupes peinent à payer les indemnités des soldats revenus de la RDC et les familles des soldats tombés au front en RDC.
Coco Kabwika