Paix contre économie : La RDC refuse de signer avec le Rwanda sans garanties sécuritaires

Un accord économique majeur entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, négocié sous l’égide des États-Unis, a été suspendu à la dernière minute, jetant une ombre sur le processus de paix régional. Alors que le Rwanda se dit « surpris » et réaffirme sa foi dans le processus, le refus de Kinshasa de signer met en lumière des tensions et des griefs profonds qui vont au-delà de la simple coopération économique.

La surprise et l’engagement du Rwanda

Du côté rwandais, l’incompréhension domine. La porte-parole du gouvernement, Yolande Makolo, a exprimé la stupéfaction de sa délégation présente à Washington, prête à parapher des accords jugés bénéfiques pour toute la région. « Nous avons été surpris par la décision de dernière minute de la RDC de ne pas signer l’accord, compte tenu du bon climat qui régnait lors des négociations », a-t-elle déclaré.

Le Rwanda insiste sur le fait que le plan de paix, dans son ensemble, doit aboutir. Pour Kigali, cet accord économique, couvrant des secteurs vitaux comme l’exploitation minière, l’énergie et l’agriculture, est indissociable des impératifs de sécurité, notamment le démantèlement du groupe armé FDLR soutenu, selon eux, par la RDC. « Le plan de paix doit produire des résultats. C’est le meilleur moyen de parvenir à la stabilité et au développement économique de la région », a martelé Mme Makolo.

Les raisons du refus congolais

Cependant, le geste de la RDC ne peut être interprété comme un simple caprice diplomatique. Il est le symptôme de frustrations et de craintes ancrées dans des décennies de conflits sanglants et de pillage des ressources à l’Est du pays.

Pour Kinshasa, la signature d’un accord économique ambitieux ne peut se faire sans garanties préalables et solides sur le plan sécuritaire. La question du retrait des troupes rwandaises du sol congolais et la cessation de tout soutien aux groupes armés, notamment le M23, restent des conditions non négociables. La RDC refuse que la question sécuritaire soit mise sur le même plan que la coopération économique ; elle la considère comme un prérequis.

De plus, des voix s’élèvent en RDC pour dénoncer un accord qui, selon elles, ne répondrait pas suffisamment aux aspirations de la population congolaise. Après des années de spoliation, les Congolais exigent la sécurité, la dignité et le droit de bénéficier pleinement de leurs propres richesses. La crainte est qu’un accord, négocié sous forte pression internationale, ne fasse que légitimer un statu quo économique défavorable tout en éludant les questions fondamentales de souveraineté et de justice.

En somme, le refus de la RDC est un message clair : la paix ne peut être uniquement une affaire de contrats économiques. Elle doit se fonder sur le respect de l’intégrité territoriale, la fin de l’ingérence étrangère et la garantie que les richesses du Congo profiteront d’abord à son peuple. Le processus de paix mené par les États-Unis se trouve donc face à un dilemme : pour réussir, il devra prouver qu’il peut apporter des solutions concrètes et équitables aux problèmes sécuritaires qui minent la région depuis trop longtemps.

Avec Igihe 

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