‎
‎La paix dans la région des Grands Lacs revient au centre du jeu diplomatique international. À Paris, près de soixante-dix États et plusieurs organisations internationales se réunissent au Palais de Chaillot pour tenter de relancer une dynamique régionale, alors que l’Est de la RDC sombre dans une crise humanitaire historique.
‎
‎Co-présidé par Emmanuel Macron et le chef d’État togolais Faure Gnassingbé, médiateur de l’Union africaine, ce sommet vise à apporter une réponse urgente à la détresse de millions de civils dans l’Est de la RDC. Plus de sept millions de personnes sont déplacées et seulement 16 % des 2,5 milliards de dollars requis pour le plan humanitaire ont été mobilisés. Une situation que les Nations unies qualifient de « deuxième pire crise humanitaire mondiale après Gaza ».
‎
‎Trois priorités stratégiques
‎
‎La Conférence de Paris repose sur trois piliers essentiels pour stabiliser durablement la région :
‎
‎1. Réponse humanitaire d’urgence
‎
‎Les ONG internationales, telles qu’Action contre la Faim et l’UNICEF, réclament au moins 500 millions d’euros pour renforcer l’acheminement de l’aide dans le Nord-Kivu, l’Ituri et le Sud-Kivu. La protection des femmes et des enfants, particulièrement touchés par l’insécurité alimentaire, demeure au cœur des préoccupations.
‎
‎2. Relance des processus diplomatiques
‎
‎Paris veut consolider les efforts des dialogues de Washington (juin 2025) et de Doha (octobre 2025). Objectif : obtenir un cessez-le-feu vérifiable et le retrait des forces étrangères présentes illégalement en RDC.
‎
‎3. Coopération et intégration économique
‎
‎Les participants souhaitent favoriser la reprise des échanges transfrontaliers et les investissements dans les ressources naturelles, via notamment la CEEAC. Une stratégie qui vise une stabilité régionale durable par l’interdépendance économique.
‎
‎
Absences remarquées des dirigeants régionaux
‎
‎
Les présidents Paul Kagame, Évariste Ndayishimiye et Yoweri Museveni brillent par leur absence, suscitant des interrogations diplomatiques. Kigali a évoqué des « priorités internes ». Le Burundi et l’Ouganda ont dépêché leurs ministres des Affaires étrangères, sans engager leurs présidents, signe d’une posture prudente.
‎
‎Tshisekedi salue une initiative porteuse d’espoir
‎
‎Présent à Paris, le président Félix Tshisekedi qualifie la rencontre « d’acte de solidarité internationale ». Il siège aux côtés de son homologue angolais João Lourenço et d’un représentant spécial des États-Unis. L’Union africaine et l’Union européenne soutiennent l’adoption de sanctions contre les auteurs de crimes et d’exactions dans l’Est de la RDC.
‎
‎La société civile congolaise exige des engagements fermes. Ses représentants demandent la libre circulation de l’aide humanitaire et la protection des populations civiles.
‎
‎Un moment décisif pour la région
‎
‎Plus de 30 millions de personnes vivent dans l’insécurité alimentaire dans l’Est du pays. Les attentes sont énormes et les ONG espèrent qu’un financement conséquent sera débloqué, accompagné de mesures tangibles pour faire cesser les violences.
‎
‎Il s’agit du premier sommet de cette ampleur depuis celui de Luanda en 2019. Pour la France, ce rendez-vous constitue un test diplomatique majeur et l’occasion de prouver qu’une approche inclusive peut désamorcer l’escalade régionale.
‎
‎Avec LP
‎