Trump sur les traces de l’homme d’affaires libanais Saleh Ali Assi, présumés financier du Hezbollah en RDC


Sollicité par l’administration de Donald Trump, Kinshasa cherche à connaître les banques congolaises qui hébergent les comptes affiliés à l’homme d’affaires libanais Saleh Ali Assi. Soupçonné de financer le mouvement chiite, ce dernier est sous sanctions américaines depuis 2019.

Tout à son objectif d’assécher les sources de financement du Hezbollah, Washington a demandé ces dernières semaines le concours de l’exécutif de Félix Tshisekedi pour accentuer la pression sur plusieurs hommes d’affaires libanais actifs sur le sol congolais. C’est le cas notamment de Saleh Ali Assi, sous sanctions depuis 2019, qui est accusé par l’Office of Foreign Assets Control (Ofac) du département du Trésor de recourir à des opérations de « blanchiment de fonds » et à un système « d’évasion fiscale » au bénéfice du mouvement chiite libanais. Disposant également de la nationalité française, l’intéressé est à la tête d’un lucratif business dans la minoterie, qui lui a valu le surnom, à Kinshasa, de « roi du pain ».
L’administration de Donald Trump a fait passer le message à André Lolo Wameso, ex-directeur de cabinet adjoint à la présidence et nommé en juillet à la tête de la Banque centrale du Congo (BCC). La Cellule nationale des renseignements financiers (Cenaref), chapeautée par le magistrat Adler Kisula Betika, a ensuite pris le relais en adressant fin septembre une missive aux différentes banques de la place congolaise.


Dans ce document, la Cenaref demande aux établissements de fournir un rapport sur les comptes appartenant à Saleh Ali Assi et sur ceux de plusieurs entreprises suspectées d’être liées à l’homme d’affaires. Parmi celles-ci figurent Kinshasa Food, Minacargo, Inalca, Grand Moulin de Kinshasa (GMK) ou encore Marine Empreinte. Ces dernières années, Saleh Ali Assi est soupçonné d’avoir créé des sociétés en cascade, toutes dirigées par des proches ou des prête-noms, pour contourner les sanctions américaines et continuer à entreprendre en RDC.
Relais au sommet de l’État.


Depuis le retour aux affaires de Donald Trump, Washington a érigé en priorité la lutte contre le Hezbollah et ses relais sur le continent. Dans le cas de Saleh Ali Assi, qui se défend des accusations le visant, cet objectif bute toutefois sur les difficultés à suivre et à démêler l’entrelacs de véhicules financiers qu’il a créés. À cette opacité s’ajoutent les puissants relais dont l’homme d’affaires dispose au sommet de l’État.

En août, il figurait parmi les rares entrepreneurs étrangers invités au mariage Christina Tshisekedi, la fille du président congolais, et de Patrick Ngele, qui s’est tenu en grande pompe à la Cité de l’Union africaine.


L’administration américaine a récemment sollicité les autorités françaises pour demander l’arrestation de Saleh Ali Assi, lors de son prochain franchissement de frontières. Celui-ci a ses habitudes à Paris où réside une partie de sa famille. Il dispose aussi d’actifs immobiliers dont un appartement fastueux dans la très chic avenue Bosquet du 7e arrondissement.


À l’origine, sa société civile immobilière (SCI) était gérée par le Libanais Saeb Kansou, un temps patron de Minocongo et depuis longtemps partenaire d’affaires de Saleh Ali Assi à Kinshasa. Détenteur de circuits financiers offshores, notamment aux îles Caïmans, il a porté des mandats de Saleh Ali Assi et figure aux côtés de certains de ses enfants, de nationalité française, dans des sociétés enregistrées à Kinshasa ainsi que dans la SCI établie à Paris.

Africa Intelligence
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