La RDC braque la CEEAC : Le Rwanda se retire face aux menaces de Kinshasa

La Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) est le théâtre d’un nouveau chapitre de la querelle diplomatique entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, menaçant la cohésion de l’organisation. Lors d’une récente réunion des chefs d’État à Malabo, en Guinée équatoriale, la tension a atteint son paroxysme, poussant finalement le Rwanda à annoncer son retrait.
Un Sommet sous Haute Tension

Le sommet de la CEEAC, qui a débuté le samedi 7 juin, réunissait les dirigeants de l’Angola, du Congo, de la RDC, du Cameroun, du Gabon, du Tchad, de la Guinée équatoriale, de la République centrafricaine, du Rwanda, du Burundi et de Sao Tomé-et-Principe. L’un des points clés à l’ordre du jour était la passation de pouvoir de la présidence de la Guinée équatoriale au Rwanda, conformément au principe de rotation établi.

Cependant, cette perspective a été farouchement contestée par la RDC. Une réunion ministérielle, tenue le jeudi 5 juin, a tenté de désamorcer la situation, avec le ministre Lucas Abaga Nchama, en charge de l’intégration en Guinée équatoriale, réunissant les parties rwandaise et congolaise. Malgré les efforts de médiation, la RDC aurait fait pression pour empêcher le Rwanda de prendre la tête de l’organisation, allant même jusqu’à menacer de se retirer de la CEEAC si cela se produisait.

Un historique de désaccords

Ce n’est pas la première fois que la RDC et le Rwanda s’affrontent au sein de la CEEAC. Jeune Afrique a rapporté un incident similaire en février 2023, où le Rwanda aurait été exclu de la 22e réunion ordinaire de la CEEAC à Kinshasa, alors que la RDC en assurait la présidence sous l’égide du président Félix Tshisekedi. Cette action avait déjà suscité une lettre de protestation du président rwandais Paul Kagame à l’Union africaine.
Ces frictions persistantes compromettent non seulement le fonctionnement interne de la CEEAC, mais aussi les efforts plus larges visant à résoudre la crise diplomatique complexe entre les deux nations.

Le Retrait du Rwanda

Face à cette opposition persistante et ce qu’il considère comme un « usage abusif » de l’organisation à des fins personnelles, le Rwanda a pris la décision radicale de se retirer de la CEEAC. Selon un communiqué du ministère rwandais des Affaires étrangères, cette décision a été prise après le sommet de Malabo, où le droit du Rwanda à diriger l’organisation, conformément à l’article 6 de l’accord fondateur, a été « délibérément ignoré » au profit des demandes de la RDC.

Le communiqué souligne également le « silence et l’inaction » de la CEEAC face à l’exclusion du Rwanda du sommet de Kinshasa en 2023, démontrant un non-respect des propres règles de l’organisation. Le Rwanda estime que ses droits, tels que prévus dans les documents fondateurs de la CEEAC, sont bafoués, ne voyant ainsi aucune raison de maintenir son adhésion à une organisation dont les principes sont contraires à ses obligations. Le Premier ministre rwandais, Edouard Ngirente, représentait le chef de l’État à cette réunion décisive.

Avec Coco Kabwika

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