Selon un rapport du Groupe d’experts des Nations Unies, des désaccords stratégiques majeurs sont apparus au sein de la coalition AFC/M23, en particulier entre son coordinateur politique, Corneille Nangaa, et le commandant militaire, Sultani Makenga. Le document met en lumière le rôle de l’Ouganda dans la modération des ambitions de la rébellion et la prévention d’une escalade du conflit.
Ambitions de Corneille Nangaa et opposition de Sultani Makenga
Corneille Nangaa a publiquement réitéré son objectif d’étendre le contrôle de l’AFC/M23 jusqu’à Kinshasa. Lors d’une conférence de presse tenue à Goma le 1er février 2025, il a déclaré que la coalition prévoyait de progresser au-delà des territoires déjà acquis, ciblant des villes comme Bukavu, Kisangani, et la capitale. Ces déclarations ont été confirmées lors d’un rassemblement le 6 février 2025.
Cependant, selon un officier rwandais cité dans le rapport, cette ambition a été fermement rejetée par Sultani Makenga. L’officier a précisé que Makenga avait clairement indiqué que Kinshasa était « hors de question », soulignant une division interne quant à la direction stratégique du mouvement.
L’influence du Rwanda et l’avenir de l’AFC/M23
Le rapport indique également que le Rwanda, qui exerce une influence significative sur l’AFC/M23, a manifesté son mécontentement à l’égard de Corneille Nangaa. Après avoir envisagé de le remplacer, Kigali a décidé de le maintenir temporairement à son poste de coordinateur.
Parallèlement, le rapport révèle les intentions du Rwanda de réintégrer l’ancien chef rebelle Laurent Nkunda, sous sanctions, en tant que figure politique de la coalition. Ce plan vise à renforcer la légitimité de la rébellion et à élargir son soutien populaire. Selon les sources, Laurent Nkunda aurait accepté de travailler aux côtés de Sultani Makenga, malgré leurs rivalités passées, et aurait été déplacé vers un lieu secret par des officiers rwandais depuis octobre 2024.
Le rôle de l’Ouganda dans la prévention d’une escalade
Le rapport souligne que si le Rwanda dirige les opérations de l’AFC/M23, certains combattants et dirigeants de la coalition maintiennent des liens avec l’Ouganda. Ces connexions ont pris de l’importance lorsque l’AFC/M23 a menacé d’avancer sur Kisangani.
Selon plusieurs sources, une telle avancée aurait pu créer des tensions entre le Rwanda et l’Ouganda et diviser les factions de l’AFC/M23. Le Groupe d’experts des Nations Unies a observé que les forces de l’UPDF (Uganda People’s Defence Force) sont intervenues pour empêcher une progression de l’AFC/M23 vers Kisangani, optant pour la négociation plutôt que la confrontation directe.
Rapport UN
