Les équipes mobilisées par l’école militaire spécialisée de Wuhan apparaissent comme la pierre angulaire des contrats à l’export de drones chinois. Surtout dans les pays n’ayant aucune compétence en la matière.
Les derniers contrats de vente de drones militaires chinois ont tous été accompagnés d’accords discrets de formation avec l’Air Force Early Warning Academy (AFEWA), une académie de formation des drones installée dans la ville de Wuhan. Cet organe, dirigé par le major général Xiong Jiajun, un spécialiste des interceptions (SIGINT), fournit des petites équipes de formateurs en accompagnement des ventes de drones de China Aerospace Science and Technology Corp (CASC), que ce soit sur le modèle-phare Wing Loong II ou sur son petit frère le CH-4 Rainbow.
Les experts de l’académie interviennent actuellement sur les contrats en République démocratique du Congo, en Ethiopie et au Nigeria.
La République démocratique du Congo (RDC) a franchi une nouvelle étape dans sa coopération militaire avec la Chine en finalisant un accord d’envergure avec la société d’État China National Aero-Technology Import & Export Corp (CATIC) pour l’acquisition de trois drones de combat Wing Loong. Cette transaction, d’un montant de 172 millions d’euros, comprend également une station de contrôle au sol, des bombes guidées FT-10, des missiles air-air PL-10, des missiles antichars HJ-T0 et des roquettes guidées BRM-1.
La Chine est devenue le premier exportateur mondial de drones, armés et non armés. Au cours de la dernière décennie, l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) a indiqué que CASC, CAIG et d’autres importants fabricants chinois de drones ont vendu 282 drones de combat à 17 pays, tandis que les États-Unis n’ont échangé que 12 drones armés.
Pékin a réussi à supplanter Washington dans ce domaine, en produisant une vaste gamme de drones depuis le début des années 2010. Abordables, souvent fiables et exempts de contraintes éthiques, ils commencent à devenir un véritable best-seller en Afrique. Le continent est parfaitement adapté à ces systèmes, alors que de nombreux pays sont confrontés à des rébellions armées, des mouvements djihadistes, des guerres de gangs et à des difficultés à contrôler leurs vastes territoires. De plus, la Chine a introduit un mode de paiement intéressant : alors que certains pays africains peinent à stabiliser leurs finances publiques, les entreprises chinoises acceptent également des ressources naturelles en guise de paiement.
Les drones chinois offrent une grande portée, une variété de capteurs et de charges utiles, et surtout, sont très bon marché. Avec un prix d’un million de dollars, le Wing Loong I peut emporter deux munitions, généralement des bombes guidées ou des missiles, permettant aux gouvernements de suivre, d’observer et de mener des frappes sur tout leur territoire.
Sur l’ensemble des derniers contrats, ces conseillers techniques chinois doivent officiellement assurer la prise en main des systèmes de drones. Officieusement, ils opèrent aussi directement les drones dans plusieurs pays tant les compétences locales manquent. En parallèle, les pilotes de drones reçoivent une formation théorique directement à Wuhan, en Chine.
Rattaché à la People’s Liberation Army Engineering University (Université d’ingénierie militaire de l’Armée populaire de libération) de Nanjing, dirigée par le lieutenant général Deng Xiaogang, l’AFEWA forme autant à l’emploi des drones d’observation, comme les modèles actuellement en test en RDC, qu’à l’usage des drones armés, ainsi qu’à l’analyse des images et des données de renseignement collectées par les appareils. L’école propose des cursus variés portant sur la formation théorique, des vols sur simulateurs et la prise en main en vol des systèmes. Les cours portent également sur le contrôle des capteurs optiques et infrarouges, l’analyse du renseignement et l’utilisation des drones comme relais de communication.
Avec AI