Les frappes réussies de drones CH-4 des FARDC, avec l’aide de sociétés militaires privées, contre les bases, les dépôts d’armes, les centres de recrutement et le commandement du M23 à la fin de 2023 et au début de 2024 ont contraint le M23 à se réorganiser . Le 16 janvier 2024, le « colonel » Castro Mberabagabo, chef du renseignement militaire du M23, a été tué lors d’une attaque de drone, qui a également blessé Erasto Bahati Musanga, chef des finances du mouvement, et blessé et tué de nombreux combattants du M23.
Il a fallu procéder à de nouvelles nominations et promotions parmi le personnel militaire et civil du M23.
Cette restructuration a fait l’objet d’une large publicité afin de remonter le moral des troupes et de consolider l’autorité politico-militaire du mouvement et son administration parallèle. Le « colonel » Imani Nzenze a remplacé Castro, devenant chef des renseignements « G2 » du M23, un poste clé au sein du mouvement.
La République démocratique du Congo (RDC) a reçu une livraison de trois drones CH-4 Rainbow de moyenne altitude et longue endurance (MALE) supplémentaires en provenance de Chine.
L’année dernière, le gouvernement congolais a annoncé qu’il allait prendre des mesures décisives dans sa lutte contre les rebelles du M23 en acquérant neuf drones d’attaque chinois CH-4.
Le drone de combat CH-4 est un véhicule aérien sans pilote de moyenne altitude et de longue endurance capable de transporter diverses armes, notamment des missiles air-sol et des bombes.
Le 7 février 2024, un système mobile de défense antiaérienne à courte portée, doté d’un radar rotatif monté et d’un missile sol-air, a été vu par un drone à Bumbi, dans le territoire de Rutshuru, une zone alors contrôlée par le M23 et la RDF. Deux autres systèmes de défense antiaérienne à courte portée ont été signalés près de Kibumba et de Mabenga, dans le territoire de Rutshuru. Le 6 février, un système de défense antiaérienne à courte portée a abattu un drone armé CH-4 des FARDC et, le 7 février, il a pris pour cible et raté un drone de la
MONUSCO, c’est-à-dire un moyen des opérations de maintien de la paix des Nations.
D’après des sources provenant des services de sécurité et de renseignement, c’est la RDF qui manœuvrait le système de défense antiaérienne à courte portée.
Dans un communiqué publié le 17 février 2024, les États-Unis d’Amérique ont demandé au « Rwanda de retirer immédiatement […] ses systèmes de missiles sol-air, qui menacent la vie des civils, des forces de maintien de la paix [des Nations Unies] et d’autres forces régionales, des acteurs humanitaires et les vols commerciaux dans l’est de la [République démocratique du Congo] » ; un appel repris par d’autres pays aussi. Le déploiement de systèmes de défense antiaérienne à courte portée, parallèlement à d’autres moyens antiaériens du M23 et de la RDF dans la région a considérablement renforcé la capacité opérationnelle du M23 et de la RDF et a influé sur la dynamique des conflits.Les FARDC et les sociétés militaires privées ont décidé d’immobiliser temporairement tous leurs moyens aériens, ce qui a permis au M23 et à la RDF de se réorganiser et de se renforcer. Ce système de défense antiaérienne à courte portée expose les moyens aériens de la MONUSCO, qui pourraient être pris pour cible.
Le général » Sultani Makenga critiqué par des officiers Rwandais
Le M23 est resté sous le commandement militaire global du « général » Sultani Makenga visé par des sanctions. Critiqué par les officiers de la RDF qui l’accusaient de ne pas être proche de ses troupes, celui-ci s’est rendu à Bunangana, à Kitshanga et à Rumangabo . Le « colonel » Imani Nzenze, le« général » Gacheri Erasto (adjoint du « général de brigade » Bernard Byamungu),
Bahati Erasto (finances), Benjamin Nzabonimpa (secrétaire exécutif) et le « colonel »Jeff Kabayiza (logistique) sont les plus proches collaborateurs et confidents de Makenga. Le « général de brigade » Bernard Byamungu et le « général » Baudoin Ngaruye sont des principaux commandants chargés de coordonner les opérations militaires . Ngaruye est resté très proche du Rwanda, qui aurait eu plus confiance en lui qu’en Makenga.
Les capacités militaires du M23 ont été renforcées par le recrutement, tant forcé que volontaire, y compris d’enfants, au Nord-Kivu, en Ouganda et au Rwanda ainsi que par la formation des nouvelles recrues. Au début du mois d’avril 2024, on estimait à 3 000 le nombre de combattants du M23 actifs.
Les nouvelles recrues du M23 ont été formées dans la principale base militaire du mouvement à Tchanzu. Il y a eu des formations dans d’autres centres militaires, par exemple à Rutshuru, à Bwito, à Bwiza ou à Nyongera. L’entraînement, qui a duré plusieurs mois, sauf en cas d’accélération pour des besoins opérationnels, comprenait la parade, la discipline, l’entraînement tactique, l’idéologie et l’endoctrinement.
Rapport des experts des Nations unies