Le principal témoin a enfin été entendu et a totalement disculpé le Belge. “Le ministère public a été complètement démasqué. Aujourd’hui, tout le monde est persuadé de l’innocence de Jean-Jacques Wondo. Nous allons soumettre ce lundi un mémoire pour demander sa libération provisoire. Le témoignage de Monsieur Malusha, présenté comme le lien entre mon client et le leader sur le terrain du coup d’État, Monsieur Christian Malanga, a révélé la machination orchestrée par le ministère public congolais”, a déclaré Maître Carlos Ngwapitshi, ce samedi 7 décembre, peu après la nouvelle audience publique du tribunal militaire, qui s’est tenue à la prison de Ndolo, à Kinshasa.
L’avocat de Jean-Jacques Wondo, un Belge diplômé de l’École royale militaire (ERM), condamné à mort en septembre 2024 pour sa prétendue implication dans une tentative de coup d’État survenue en mai à Kinshasa, a également interpellé les autorités belges. “Depuis le début du procès, un représentant de l’ambassade belge assiste à chaque audience. La Belgique est donc au courant de tout ce qui se dit dans cette affaire. Elle sait aujourd’hui que son ressortissant est innocent. Des milliers d’innocents croupissent dans les prisons congolaises, et il est impératif que votre classe politique exerce des pressions sur Kinshasa pour que Jean-Jacques Wondo soit libéré. Il n’a rien à faire en prison. Il est traité comme un militaire belge pris en otage par le pouvoir congolais. Il ne s’agit pas d’attendre une grâce présidentielle. Mon client est innocent et doit être libéré sans aucune tache sur son casier judiciaire.”
Du côté de la défense, l’espoir d’une remise en liberté, même provisoire, avant les fêtes de fin d’année est palpable.
Le témoin caché
Dès le début du procès en première instance l’été dernier, le ministère public avait mis en avant le rôle prétendument central de Jean-Jacques Wondo dans la tentative de coup d’État du 19 mai. La justice congolaise l’a condamné à mort en le qualifiant de “concepteur et auteur intellectuel” de cette opération militaire, dirigée sur le terrain par Christian Malanga, un Congolais vivant aux États-Unis qui n’a jamais caché sa nostalgie pour le Zaïre du Maréchal Mobutu.
À Kinshasa, Malusha Mukinzi, réceptionniste du petit hôtel où l’expert belge avait séjourné, était présenté par le ministère public comme le lien entre Wondo et Malanga. Ce témoin crucial était absent lors du procès en première instance, que le ministère public avait qualifié d’“introuvable”. Cependant, grâce à des informations recueillies après la condamnation de son client, l’avocat de la défense a réussi à retrouver Malusha. Ce dernier avait été arrêté par un officier de police judiciaire (OPJ) “pour le soustraire à la justice” et incarcéré à la prison centrale de Makala, car il était une pièce essentielle du dossier mais avait refusé de charger Jean-Jacques Wondo.
Lors de son audition vendredi dernier, Malusha a raconté comment il avait été arrêté et torturé, fournissant des détails ainsi que les identités de certaines personnes impliquées. Il a également nié être en possession des téléphones que le ministère public lui attribuait, confirmant ainsi les déclarations de Jean-Jacques Wondo et contredisant les analyses des experts du Conseil national de cyberdéfense, une entité directement liée au président Félix Tshisekedi.
Les experts absents
Face à ces nouvelles révélations, la cour a délivré des mandats d’arrêt contre les deux officiers de police judiciaire responsables de l’arrestation et de la torture de Malusha Mukinzi. Ils seront entendus ce lundi à la lumière des nouvelles informations. Les experts qui avaient analysé les appareils téléphoniques de Wondo et Malusha auraient dû être présents vendredi 6 décembre. Cependant, ceux qui avaient affirmé que Jean-Jacques Wondo était coupable d’avoir effacé des “messages subversifs” sans les avoir lus étaient absents. Ils ont également été convoqués pour lundi, mais aucun mandat d’arrêt n’a été émis à leur encontre. “La proximité de ce service avec le chef de l’État rend certainement plus délicate la délivrance d’un mandat d’arrêt contre ces experts”, a commenté un autre avocat kinois, ajoutant : “Je veux croire que si ils ne se présentent pas lundi, les juges feront preuve de moins de clémence.”
Avec Lalibre.be