Des experts de l’ONU confirment les liens présumés entre la Chieftaincy of Military Intelligence ougandaise avec le M23, Vers le divorce entre l’Ouganda et la RDC

Le Rwanda a considérablement renforcé son dispositif militaire dans l’est de la RDC, où ses troupes supplantent désormais largement celles du M23. De son côté, l’Ouganda est épinglé pour son soutien prouvé à la rébellion, a noté Africa Intelligence.

Les experts de l’ONU confirment les soupçons selon lesquels une partie de l’armée ougandaise serait de connivence avec le M23 dans le cadre d’une stratégie organisée par la Chieftaincy of Military Intelligence, qui a permis aux combattants du M23 et des RDF de traverser le territoire ougandais et, depuis « au moins » fin 2023, de avoir des agents positionnés aux côtés de la rébellion du M23 en RDC.

M23: Vital Kamerhe a dénoncé l’Ouganda comme Mboso, son prédécesseur

Christophe Mboso, alors  président de l’Assemblée nationale congolaise, avait déjà dénoncé l’occupation « illégale » de Bunagana avec la « complicité de l’Ouganda » lors d’un colloque entre les présidents des assemblées d’Afrique australe. Vital Kamerhe, nouvellement élu président de l’Assemblée nationale congolaise a également dénoncé l’occupation Rwanda-ougandaise dans l’est de la RDC.

Corneille Nangaa, Bertrand Bisimwa et le chef de l’aile militaire,Sultani Makenga  bénéficient de facilités  du côté ougandais

Corneille Nangaa et d’autres leaders du mouvement  dont le chef de l’aile militaire, Sultani Makenga  bénéficient de facilités de déplacement du côté ougandais de la frontière à partir de leur enclave congolaise de Bunagana, qu’ils contrôlent depuis juin 2022.

L’AFC s’active depuis le début de 2024 à étendre le mouvement au-delà de sa zone d’implantation frontalière du Rwanda et de l’Ouganda. En plus des menaces de conquérir Goma et de déstabiliser le Sud-Kivu , le M23 vise plus au nord, dans les confins de la province de l’Ituri. Une ambition prise au sérieux par les sécurocrates de Tshisekedi.

Pour tenter de contrer ces visées expansionnistes, la présidence a convié mi-avril dans la capitale une trentaine de caciques et de cadres de groupes rebelles actifs dans cette région de l’Ituri. La province, minée par la violence des milices, reste exposée à l’influence politique, militaire et économique de l’Ouganda, qui l’a autrefois occupée (1998-2003).

La coalition Muhoozi Kainerugaba – Sultani Makenga – Bertrand Bisimwa

Après le retrait de Goma du M23 sous la pression occidentale en 2012 , une partie du mouvement emmené par Bertrand Bisimwa s’était réfugiée à Kampala. Accueillie par le régime de Yoweri Museveni, cette frange du M23 avait établi de solides liens avec les services ougandais, notamment auprès des cadres du Chieftancy of Military Intelligence (CMI), le renseignement militaire ougandais. C’est le cas de Sultani Makenga, le chef de l’aile militaire du M23, qui chapeaute toujours aujourd’hui les forces rebelles en lutte contre l’armée congolaise. A Kampala, Makenga s’est rapproché de Muhoozi Kainerugaba, le fils du chef de l’Etat. Commandant en chef des Uganda People Defense Forces (UPDF). Il est réputé avoir offert une assistance logistique et financière aux troupes du M23.

Le chef de la branche armée, Sultani Makenga, s’etait  installé dans la capitale ougandaise pendant plusieurs années après la signature d’un accord de paix en 2013. Puis, malgré les sanctions onusiennes qui le visent depuis une dizaine d’années, le « général » est retourné dans le maquis congolais dès 2017 avec « ses hommes ».

Tous auraient quitté le camp ougandais de Bihanga, où ils étaient cantonnés, pour établir une base sur le mont Sabyinyo, dans le parc congolais des Virunga et c’est dans ce cadre que les hommes de Makenga ont conquis Bunagana avec l’appui de services ougandais en 2022.

Museveni a cajolé Tshisekedi avec des projets de routes de 330 millions de USD pour éviter de dédommagements de la Cour internationale de justice

Le projet conjoint de construction d’une route entre l’Ouganda et la RDC dans l’est du Congo s’étend sur 80 kilomètres dans la section Kasindi, à la frontière avec Beni. Il couvre également l’intégration du tronçon Beni-Butembo sur 54 kilomètres, ainsi que la route Bunagana-Rutsuru-Goma qui mesure 89 kilomètres.

Eng Ananthula Nagendra, le coordinateur du projet de Dott Services Limited, dit qu’ils ont travaillé par phases courtes parce qu’ils ont été guidés pour limiter leurs opérations à un réseau de seulement 20 km pour être sécurisé par l’UPDF et les forces congolaises  à la fois. Nagendra a demandé le déploiement de davantage de troupes pour sécuriser l’ensemble du réseau routier afin qu’ils puissent travailler efficacement selon leur cartographie technique.

« L’UPDF nous a limité à travailler sur seulement 20 km entre Kasindi et Ululu en raison du manque de main-d’œuvre chargée de la sécurité, ce qui a  ralenti notre travail », avait déclaré Nagendra.

La condamnation de l’Ouganda à payer des dédommagements à la RDC était arrivée dans un contexte de réchauffement des relations entre les deux pays. Kampala multiplie les signes d’amitié envers son voisin pour espérer un règlement à l’amiable.

Dott Services – dirigé par l’homme d’affaires d’origine indienne Boinapally Venugopal Rao et actif en Ouganda, au Soudan du Sud et en Tanzanie – est en effet un spécialiste de ce type de travaux et a joué ce rôle dans un projet de 330 millions de dollars qualifié de “Régional Connectivity Roads Project”.

Notons que le Régional Connectivity Roads Project” n’a jamais trouvé l’approbation de Kagame et du Rwanda et a même été une source de tension entre Museveni et Kagame. C’est dans ce sens que Muhoozi Kainerugaba, fils de Museveni a multiplié des voyages au Rwanda.

Quand il s’agit de leurs intérêts en RDC, le Rwanda et l’Ouganda sont alliés. C’est ainsi que le  projet des routes de l ‘Ouganda en RDC est un projet mort-né . L’Ouganda lie le ralentissement de ce projet à l’insécurité.

Coco Kabwika Avec AI

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