Indignation du Rwanda suite à l’organisation d’un concert de soutien à la RDC à Paris

Le concert intitulé « Solidarité Congo », qui se tiendra le 7 avril à l’Accor Arena de Paris, mettra en vedette des artistes tels que Gims, Youssoupha et Angélique Kidjo. Cet événement vise à soutenir les enfants touchés par le conflit dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).

Bien que la diaspora rwandaise ne conteste pas l’objectif du concert, la date choisie crée une controverse. Marcel Kabanda, président d’Ibuka France, souligne : « Organiser un gala pour les populations de l’est de la RDC est louable, mais pourquoi le 7 avril, un jour de deuil pour nous ? Est-ce une coïncidence ou une provocation ? »

Le 7 avril 1994 marque le début des massacres au Rwanda, entraînant près d’un million de morts. Cette date est désormais reconnue par l’ONU comme une « journée internationale de réflexion sur le génocide des Tutsi ». En France, elle est également un jour de commémoration suite au rapport d’une commission d’historiens sur la responsabilité française durant le génocide.

Marcel Kabanda ajoute : « La haine contre les Tutsi se banalise. Le choix de cette date crée une résonance entre la crise congolaise et le génocide des Tutsi. »

La tension entre le Rwanda et la RDC est exacerbée depuis que le Mouvement du 23-Mars (M23), soutenu par des troupes rwandaises, a repris les armes fin 2021, s’emparant de territoires clés.

Les autorités rwandaises ont exprimé leur « indignation » auprès de la Mairie de Paris et ont demandé le report du concert. François Nkulikiyimfura, ambassadeur du Rwanda en France, déclare : « Choisir le 7 avril est consternant, surtout avec des artistes ayant tenu des propos contre les Tutsi. »

Gims, en particulier, est critiqué pour ses déclarations passées. Dans un documentaire sur Netflix, il a affirmé : « Ce n’est pas un jus d’orange qui va calmer la haine d’un Tutsi. » Dans son morceau Thémistocle, il a fait référence au président rwandais, ajoutant : « Kagame rime avec croix gammée. »

Aucun artiste n’a souhaité commenter la polémique. Les organisateurs affirment que la date a été choisie par un « mauvais hasard » et qu’il n’y avait aucune intention politique. L’Accor Arena précise qu’elle ne choisit pas les dates des concerts.

Pierre Lepidi/LeMonde

Partage

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *