Soupçonnés de vouloir déstabiliser le sud-est de la RDC depuis la Zambie, plusieurs dizaines de Congolais ont été rapatriés par Kinshasa lors d’une opération menée avec l’aval de Lusaka.
L’opération est restée secrète malgré l’important dispositif mis en place par Kinshasa. Sous la conduite du général John Tshibangu, un avion a été dépêché mi-octobre à Lusaka pour rapatrier plusieurs dizaines de Congolais en RDC.
Selon Kinshasa, les hommes arrêtés – dont le nombre exact varie d’une source à l’autre – seraient liés à la rébellion du M23, active dans l’est du pays, ainsi qu’à l’ancien général John Numbi, un ex-sécurocrate sous la présidence de Joseph Kabila, qui fait désormais l’objet d’un mandat d’arrêt international.
Le pouvoir congolais les soupçonne d’avoir fomenté depuis la Zambie un projet de déstabilisation dans les provinces frontalières de l’ex-Grand Katanga.
En amont, l’opération a fait l’objet d’échanges directs entre le président Félix Tshisekedi et son homologue zambien, Hakainde Hichilema, lequel a donné son feu vert à leur extradition. Leur rapatriement n’allait pas de soi, les individus arrêtés ayant déposé une demande d’asile politique auprès des autorités zambiennes. Dans ce dossier, Kinshasa a pu compter sur le soutien de Friday M. Nyambe, ex-ambassadeur zambien en RDC, nommé en 2021 à la tête du « Special Branch – OP », un service de sécurité au sein de la présidence.
Parmi les individus rapatriés figurent certains ex-officiers supérieurs des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). C’est le cas du lieutenant-colonel John Gasasira N’tawenda, un ancien membre de la rébellion du Conseil national pour la défense du peuple (CNDP, dont sont issus de nombreux cadres du M23), qui était rattaché au renseignement militaire à l’état-major des FARDC avant sa défection, courant 2023. Il est réputé avoir depuis rejoint les rangs du M23, ce que conteste toutefois une source interne au mouvement, pour qui John Gasasira N’tawenda répond en réalité aux ordres de John Numbi.Alertes dans les camps de réfugiés
Depuis près de deux ans, le pouvoir de Félix Tshisekedi s’inquiète des intentions de John Numbi dans l’ex-Grand Katanga, où on prête encore à ce dernier de puissants relais dans l’armée. Des craintes confirmées par le contenu d’une procédure judiciaire en Belgique, qui a révélé l’existence d’un projet destiné à imposer l’indépendance du Katanga ayant impliqué John Numbi en 2021.
Depuis lors, la diplomatie congolaise s’emploie, jusqu’à présent en vain, à obtenir son extradition depuis le Zimbabwe, où il a obtenu l’asile. Kinshasa craint tout particulièrement un rapprochement d’intérêts entre les desseins de John Numbi et ceux du M23, dont le leadership cherche de longue date à multiplier les foyers de tensions en dehors des provinces orientales de la RDC.Depuis quelques mois, le renseignement congolais faisait état d’informations sur le recrutement de miliciens dans les camps de réfugiés en Zambie, ainsi que sur le transit d’armes depuis le port mozambicain de Beira. Des alertes qui ont conduit Kinshasa à acter le coup de filet de la mi-octobre, en coordination avec les autorités zambiennes.Près de deux mois plus tard, des interrogations se font toutefois jour sur les modalités de cette opération, qui n’a fait l’objet d’aucune communication de la part de l’État congolais. En cause, notamment : son timing, jugé trop hâtif pour débusquer d’éventuelles complicités côté congolais, mais aussi l’avancée de l’enquête depuis mi-octobre. Le général John Tshibangu doit être auditionné prochainement à ce sujet par les services de sécurité.
A I
Juste solliciter auprès des responsables de la sécurité pour que je sois aussi un agent de la sécurité car j’ai une expertise en matière de sécurité de l’ONU.
J’aime servir mon pays.