La RDC rembourse chaque année certains de ces prêts qu’elle a contractés auprès des bailleurs internationaux en espèces : Près de 68,5 millions de dollars ont été réglés en cash ou directement au guichet

Sans surprise, les paiements liés à la dette extérieure sont d’abord destinés aux bailleurs internationaux, auprès de qui la RDC rembourse chaque année les prêts qu’elle a contractés. On y retrouve ainsi la Banque africaine de développement (BAD, au moins 170 millions de dollars), l’Association internationale de développement (IDA, branche de la Banque mondiale, 161 millions de dollars), la banque d’import-export indienne Exim Bank of India (80,5 millions de dollars), son équivalente chinoise China Eximbank (61 millions de dollars), ou encore la Banque de France (37,7 millions de dollars).

Selon le relevé de la BCC, plusieurs paiements au bénéfice des bailleurs ont été effectués en espèces, parfois pour des montants avoisinant le million de dollars – l’un d’eux fait mention d’un décaissement, en octobre 2022, de 5,3 millions de dollars au titre de la dette en faveur de l’Exim Bank of China. Très inhabituel pour ces institutions, le procédé soulève d’importants doutes sur la traçabilité des fonds et, surtout, de ses bénéficiaires réels. Au total, sur le montant de 1,2 milliard de dollars décaissés par la BCC depuis janvier 2019, près de 68,5 millions de dollars ont été réglés en cash, directement au guichet. Contactée à ce propos par Africa Intelligence, la gouverneure de la banque, Marie-France Malangu Kabedi Mbuyi, n’a pas répondu à leurs sollicitations.

11 millions de dollars pour deux sociétés panaméennes Tomgrove Overseas et Rifpault Holding

Outre les bailleurs internationaux, d’autres créanciers extérieurs s’avèrent plus inattendus. Deux sociétés panaméennes particulièrement opaques, Tomgrove Overseas et Rifpault Holding, ont ainsi obtenu depuis 2022 plus de 11 millions de dollars, sans qu’il soit possible d’identifier leurs propriétaires. Viennent ensuite les fonds américains Themis Capital et Des Moines Investments. Spécialisés dans le rachat de dette souveraine décotée, ces derniers ont acquis une créance héritée des années 1980, sous le régime de Mobutu Sese Seko, avant de se tourner vers la justice américaine pour réclamer son paiement. En 2014, un tribunal new-yorkais leur avait donné raison en condamnant la RDC à leur régler 70 millions de dollars. Depuis l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi, environ 6,4 millions de dollars leur ont été versés.

AI

Partage