Dans les quelque 2 900 paiements recensés par la BCC, plusieurs dizaines ont trait au remboursement de dettes sociales de l’État congolais, parfois vieilles de plusieurs décennies. C’est le cas plus particulièrement de la descendance d’un professeur de la coopération grecque, dénommé Dimitrios Cardacos, qui officiait en RDC sous le régime de Mobutu Sese Seko. Son histoire, qu’Africa Intelligence a pu retracer, fait figure de cas d’école de la mauvaise gestion de la dette publique congolaise. En août 1992, l’intéressé avait obtenu un jugement du tribunal de grande instance de Bunia qui condamnait l’État zaïrois à lui verser 32 242 dollars au titre d’arriérés de salaires. Rentré en Grèce, Dimitrios Cardacos n’a jamais été payé, jusqu’à son décès quelques années plus tard.
Pourtant anecdotique, l’affaire a rebondi par l’entremise des héritiers de l’ancien professeur. Ces derniers sont parvenus à obtenir un nouveau jugement en 2006, qui a gonflé de manière exponentielle la créance. Celle-ci est alors passée à 5,1 millions de dollars. Pour obtenir son paiement, ils se sont tournés vers le Grec Konstantinos Zounis, qui a conclu onze ans plus tard, en 2017, un protocole d’accord destiné à apurer la dette, cette fois avec l’ancien ministre des finances Henri Yav Mulang. Le montant négocié est stratosphérique, 16 millions de dollars, mais il est dégrevé de 11 millions dollars. Le reste doit être réglé suivant un échéancier qui s’étale jusqu’en cette année 2024. C’est au titre de cet accord que la BCC a décaissé ces cinq dernières années quelque 4,8 millions de dollars pour cette créance.
Avec AI