L’Afrique du Sud ne retirera pas brutalement ses troupes de la RDC, Ronald Lamola

Le ministre sud-africain des Relations internationales et de la Coopération, Ronald Lamola, a rejeté la proposition de retirer les soldats sud-africains de la République démocratique du Congo (RDC), affirmant que cette action serait pire qu’une reddition.


Contexte :


* Le lundi 10 février, M. Lamola s’est adressé au Parlement lors d’un débat urgent concernant le déploiement de troupes sud-africaines en RDC.
* Cette session extraordinaire a été convoquée suite à la mort de 14 soldats de la Force de défense nationale sud-africaine (SANDF) dans l’est de la RDC.
Déclaration du ministre Lamola :
« Un retrait brutal, comme le réclament certains à la Chambre, n’est même pas une retraite tactique, c’est même pire qu’une reddition, car avec le nombre [de] groupes armés dans la région, il y a une embuscade », a-t-il déclaré.
M. Lamola a déclaré que le gouvernement sud-africain accueille favorablement les commentaires des dirigeants de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC), qui ont appelé à un cessez-le-feu et au dialogue en RDC au cours du week-end.
Cette déclaration fait suite au sommet des chefs d’État et de gouvernement de la SADC-EAC sur la situation sécuritaire dans l’est de la RDC, auquel le président Cyril Ramaphosa a également participé.


Renfort de troupes

L’Afrique du Sud a envoyé des troupes supplémentaires dans la région de la RDC. Plusieurs vols charters ont décollé de Pretoria la semaine dernière. On ne sait pas encore comment ces troupes aideront les soldats bloqués à être libérés des zones contrôlées par le M23 à Sake et Goma.

Analyse de Darren Olivier, directeur de la Revue africaine de défense :

Darren Olivier, directeur de la Revue africaine de défense, a déclaré qu’un retrait brutal des troupes sud-africaines serait extrêmement dommageable, « mais quelle autre option l’Afrique du Sud a-t-elle réellement ? Ses troupes sont effectivement prises en otage par le M23 et le Rwanda, elles ne participent plus aux combats et une intervention pour reprendre Sake et Goma afin de les sauver n’est pas envisageable ».
« La situation changera si la pression internationale est suffisante pour forcer le M23 à quitter Goma et Sake, ce qui permettrait une réouverture de l’aéroport et une sorte de réinstallation et de repositionnement. Mais nous n’avons vu aucun signe de ce genre lors de la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU ou du sommet SADC-EAC. Sans soutien international pour une nouvelle intervention ou au moins un retrait négocié du M23 de Goma et de ses environs, la SAMIDRC est terminée. Il est logique de négocier le meilleur retrait possible. Mais l’Afrique du Sud ne devrait pas retirer les quelque 1 200 soldats qu’elle a en RDC avec la Monusco », a déclaré M. Olivier.
« Il n’y a aucune bienveillance à prendre illégalement le contrôle et à occuper des villes, à attaquer et à encercler les missions multinationales de maintien de la paix qui s’y trouvent, puis à les retenir en otage sans leur fournir des moyens clairs, garantis et sûrs pour qu’elles puissent partir avec leur équipement », a déclaré M. Olivier en référence aux troupes de la SANDF et de la SAMIDRC bloquées à Goma et à Sake.

Le gouvernement sud-africain a clairement indiqué qu’il ne retirera pas brutalement ses troupes de la RDC. Il cherche une solution négociée à la crise, mais il est conscient des risques encourus par ses soldats. La situation est complexe et l’avenir des troupes sud-africaines en RDC dépendra de l’évolution de la situation sur le terrain et de la pression internationale exercée sur les différents acteurs du conflit.

Coco Kabwika

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