Tribune: P. Kagame, la fin d’un cycle: une incursion de trop en RDC et fin de l’impunité

Paul_Kagame

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Depuis sa prise du pouvoir en 2000, Paul Kagame, le président du Rwanda, a su cultiver une image de dirigeant pragmatique, charismatique et, dans une large mesure, celui d’un héros africain, notamment grâce à la manière dont il a géré le processus de réconciliation après le génocide rwandais. Il a su profiter de cette aura pour établir des relations diplomatiques solides avec plusieurs puissances internationales, se positionnant comme un interlocuteur incontournable en Afrique centrale. Toutefois, cette image semble aujourd’hui vaciller sous le poids de ses dernières incursions militaires en République démocratique du Congo (RDC), où le Rwanda soutient activement une rébellion fictive appelée M23.

L’incursion en RDC : un tournant pour Kagame ?

L’ énième incursion du Rwanda en RDC, sous couvert du nébuleux M23/AFC, a mis à nu les ambitions expansionnistes de Kigali, au mépris de la souveraineté de son voisin congolais. Bien que le soutien international dont jouissait Kagame ait été forgé sur des bases solides, notamment son rôle de “sauveur” du Rwanda après le génocide de 1994, cette incursion pourrait bien marquer un tournant décisif dans sa relation avec les grandes puissances internationales.

Jusqu’ici, Kagame n’avait jamais été ouvertement sanctionné ou critiqué par la communauté internationale pour ses actions militaires en RDC. Toutefois, *les récents développements* montrent que cette impunité pourrait être en train de toucher à sa fin. Ce soutien inébranlable qu’il a reçu depuis la fin du génocide commence à s’effriter, notamment sous la pression d’une série de rapports d’experts de l’ONU et des accusations grandissantes concernant les violations des droits humains et le rôle du Rwanda dans le soutien aux rebelles du M23/AFC.

Le Conseil de sécurité, l’Union Européenne, le Canada, la Belgique, la France, l’Angleterre… : Une perte de soutien sans précédent*

Les grandes puissances occidentales, historiquement bienveillantes à l’égard de Kagame en raison de son passé héroïque, commencent à changer leur regard sur son gouvernement. Désormais de plus en plus critiques envers le soutien apporté par Kigali aux fictifs groupes rebelles opérant dans l’est de la RDC, qui sont en réalité des militaires rwandais entourés de quelques congolais, des proxy. Ces nations, autrefois sources de soutien diplomatique et économique pour Kagame, expriment désormais des préoccupations sérieuses concernant ses politiques et la déstabilisation qu’elles entraînent dans la région.

En plus des sanctions économiques potentielles, les pressions diplomatiques contre le Rwanda ne cessent de croître. L’Union européenne, par exemple, a réaffirmé ses appels à la cessation des activités militaires du M23, tout en exigeant des comptes sur la responsabilité du gouvernement rwandais dans cette crise.

Félix Tshisekedi et l’efficacité diplomatique de la RDC

Malgré les nombreuses critiques qui pèsent sur lui, le président congolais Félix Tshisekedi a su jouer habilement la carte de la diplomatie internationale pour essayer d’isoler Kagame. Grâce à son efficacité diplomatique et à une gestion habile des relations avec les grandes puissances, Tshisekedi a permis à la RDC de gagner le soutien de l’ONU, de l’Union européenne, et de nombreux partenaires internationaux dans sa lutte contre les incursions rwandaises.

Tshisekedi a su mobiliser l’attention internationale sur les atrocités commises dans l’est de la RDC, où la population souffre des conséquences des actions des rebelles du M23/AFC. En prenant des positions fortes au sein des forums internationaux et en impliquant des acteurs-clés dans le dossier congolais, la RDC a pu attirer une pression diplomatique croissante contre le Rwanda.

Une perte d’aura internationale : Le dernier acte de Kagame ?


L’incursion du Rwanda en RDC, à travers le soutien au M23, semble marquer une étape décisive dans la perte d’influence de Paul Kagame sur la scène diplomatique internationale. L’homme qui, après le génocide, avait réussi à s’imposer comme une figure de la réconciliation et du leadership régional, est désormais confronté à une crise de légitimité. En cherchant à imposer son pouvoir par les armes dans un pays voisin, Kagame semble avoir perdu le soutien tacite des nations qui l’ont jadis considéré comme un modèle de leadership.

Cette dernière incursion pourrait bien être la dernière aventure de Kagame dans cette région tumultueuse. La communauté internationale semble de plus en plus déterminée à lui retirer son impunité historique, alors que la pression pour que le Rwanda cesse son soutien aux rebelles du M23 devient insoutenable. Les sanctions économiques qui commencent à se profiler pourraient enfin mettre un terme à une politique étrangère du Rwanda qui, pendant trop longtemps, a pu s’appuyer sur la compassion internationale née des événements tragiques de 1994.

La fin d’un cycle

Le Rwanda de Paul Kagame semble être en train de perdre son aura diplomatique, acquise grâce à l’après-génocide et à sa gestion du pays durant des années. La situation actuelle, marquée par l’agression contre la RDC et les sanctions internationales qui se dessinent, pourrait marquer un *tournant* dans la relation de Kigali avec les puissances occidentales. L’incursion du M23 pourrait bien s’avérer être *le dernier acte* d’un *Kagame isolé* sur la scène internationale.

Tribune Coco Kabwika

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