À partir du lundi 7 octobre 2024, et pour quatre jours, le journaliste et essayiste franco-camerounais Charles Onana, auteur de très nombreux ouvrages sur le génocide rwandais, devra répondre de l’accusation de « négationnisme ». Un procès où témoigneront plusieurs militaires dont le général La Fourcade, responsable de l’opération Turquoise. Cette accusation, portée notamment par des associations plus ou moins liées au régime de Paul Kagamé, révèle que ce dernier veut imposer sa version de l’histoire.
La FIDH (Fédération internationale pour les droits humains), la LDH (Ligue des droits de l’homme), Survie et un quarteron d’associations plus ou moins liées au régime de Paul Kagamé, le dictateur rwandais, s’attaquent à nouveau à qui ne pense pas droit, c’est-à-dire comme eux, concernant le génocide des Tutsis et Hutus modérés survenu en 1994. À partir d’aujourd’hui, et pour quatre jours, le journaliste et essayiste franco-camerounais Charles Onana, auteur de très nombreux ouvrages sur le sujet, devra répondre de l’accusation de « négationnisme » portée par ceux-là mêmes qui ont déjà perdu un procès intenté pour les mêmes raisons à Natacha Polony.
Première personnalité à être poursuivie au titre de la loi du 27 janvier 2017 sur la négation, ou minoration, de génocides reconnus par la justice internationale, la directrice de Marianne a été relaxée en première instance comme en appel. Dans Rwanda, la vérité sur l’opération Turquoise – Quand les archives parlent, paru en 2019, Charles Onana écrivait notamment « La thèse conspirationniste d’un régime hutu ayant planifié un “génocide” <span;>au Rwanda constitue l’une des plus grandes escroqueries du XXe siècle. » Phrase qui selon la partie civile signe une incontestable volonté de nier le génocide à l’œuvre dans l’ouvrage. Phrase « tirée de son contexte et à laquelle on fait dire ce qu’elle ne dit pas» plaide l’intéressé.
Imposer une vision de l’histoire
Selon lui, par deux fois, la reconnaissance de l’existence d’un génocide est explicite dans le livre. Pour Onana, le véritable sujet polémique concerne donc la planification dudit génocide. Depuis trois décennies, Kagamé et le FPR au pouvoir tentent par tous les moyens, y compris l’assassinat des opposants, d’imposer leur version de l’histoire : le gouvernement du président hutu Juvénal Habyarimana opprimait la minorité tutsie et les franges les plus radicales du pouvoir, notamment les milices Interahamwe, et en avait programmé de longue date l’élimination complète.
Les autorités françaises le savaient mais, complices du pouvoir hutu par crainte de perdre une position forte au profit d’autres puissances étrangères, elles n’ont rien fait pour enrayer le processus fatal. Relayée par la plupart des médias français et, soutenue intellectuellement par des chercheurs, cette « thèse » est aujourd’hui remise en question par d’autres travaux, journalistiques et scientifiques, notamment dans l’espace anglo-saxon. Mais en France, l’existence d’une loi mémorielle (celle de 2017), dont certains historiens contestent d’ailleurs la pertinence et la légitimité, fait planer désormais la menace de poursuites systématiques.
Ce sera aussi un des enjeux d’un procès que Charles Onana. Il y sera notamment beaucoup question des massacres à grande échelle commis par le Front patriotique rwandais (FPR) dans l’est du Congo et documentés par l’ONU, lesquels massacres ne suscitent pas la même émotion dans des médias longtemps fascinés par le « charisme » de Paul Kagame.
Mariannes