Suite à l’événement tragique survenu le lundi 22 janvier 2024 dans le quartier Batende à Matete, où deux personnes ont été violemment agressées par des membres redoutés de l’Écurie « Soko Pablo », dirigée par Maître Tayi, une interview exclusive a été accordée à la rédaction de congovirtuel. Monsieur Merlin Bokwale Kiwa, survivant de cette attaque ayant coûté la vie à Serge Musevuli, a accepté de partager son récit malgré les difficultés rencontrées en raison des menaces pesant sur sa vie, le contraignant à vivre désormais dans la clandestinité.
Rédaction : Bonjour Merlin, merci d’avoir accepté de nous accorder cet entretien. Pouvez-vous nous raconter ce qui s’est passé lors de l’attaque tragique dans laquelle vous avez été impliqué et pour lequel vous êtes invité à témoigner ?
Merlin: Bonjour, je suis reconnaissant de pouvoir partager mon témoignage. Cette nuit-là, alors que nous étions attaqués par des membres de l’écurie Soko Pablo, Serge Musevuli a courageusement tenté de nous protéger. Malheureusement, il a perdu la vie dans cette violente agression. Nous étions dans le quartier Batende de la commune de Matete, et l’attaque s’est produite aux alentours de 23 heures. Les assaillants étaient armés et extrêmement violents, ce qui a rendu toute tentative de défense pratiquement impossible. Serge s’est interposé pour me donner une chance de m’échapper, mais il a été grièvement blessé dans le processus.
Rédaction : C’est vraiment bouleversant. Comment avez-vous réussi à échapper aux assaillants ?
Merlin: Grâce à l’intervention héroïque de Serge, j’ai pu m’échapper. Sa bravoure restera gravée dans ma mémoire. Alors que les agresseurs concentraient leur violence sur Serge, j’ai profité d’un moment de confusion pour m’enfuir. J’ai couru sans me retourner, chaque instant craignant qu’ils ne me rattrapent. L’image de Serge, blessé et se battant pour sa vie, me hantera toujours. C’est grâce à son sacrifice que je suis ici aujourd’hui.
Rédaction : Vous avez reçu des menaces de la part du général Kasongo. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette situation ?
Merlin: Oui, le général Kasongo, surnommé « esprit de mort », a proféré des menaces à mon encontre en lien avec l’incarcération de son neveu Jonathan Kimba. Ces menaces ont ajouté une pression supplémentaire sur ma situation déjà difficile. Le général Kasongo est connu pour ses méthodes brutales et son influence dans les milieux criminels. Sa menace n’est pas à prendre à la légère, et elle accentue mon sentiment d’insécurité. En vivant chaque jour avec la peur d’être pris pour cible, la pression psychologique est immense.
Rédaction : Le ministre de l’intérieur Peter Kazadi a lancé dernièrement une campagne contre ces brigands. Avez-vous senti un changement ?
Merlin: Non, Ce ministre Kazadi est incompétent dans la gestion de la sécurité et la lutte contre les groupes criminels comme les Kulunas dans la capitale. Pire encore, d’autres Kulunas se réclament de la milice du parti au pouvoir UDPS « Force du Progrès ». C’est vraiment triste, un échec pour ce régime politique, issu de l’opposition mais incapable de nous sécuriser. C’est une diversion mise en place comme à lepoque l’operation likofi pour assassiner les jeunes et même ceux qui s’opposent au régime sous couvert de la loi et faisant passé les victimes pour des coupables. D’ailleurs cela implique Le président de la République indirectement car ce sont certains de ses proches qui financent le Force du progrès qui est composé des Wewa, kulunas à majorité de balubas, tous membre de l’UDPS. Pire encore, il crée des milices. Les citoyens n’ont plus confiance en la capacité du gouvernement à assurer leur sécurité. La situation ne fait qu’empirer, et les initiatives comme celle de Kazadi semblent être davantage des manœuvres politiques que des solutions concrètes.
Rédaction: Merci beaucoup, Merlin, pour votre témoignage courageux et vos insights précieux sur cette situation tragique. Nous espérons que justice vous sera rendue et que des mesures efficaces seront prises pour garantir votre sécurité.
Avez-vous un dernier mot ?
Merlin: Oui, absolument. Je tiens à exprimer mes profonds regrets pour la mort de Serge Musevuli. Sa perte est une tragédie immense, et elle est directement imputable à l’incapacité des autorités ayant dans leurs attributions la sécurité de la population. C’est une honte que dans notre pays, ceux qui sont censés nous protéger échouent lamentablement à le faire.
La justice en RDC est malade, gangrenée par la corruption à tous les niveaux. Même le chef de l’État lui-même l’a reconnu publiquement. Dans un pays normal, le general kasongo, Peter Kazadi, general christian tshibangu et plusieurs autres responsables des services comme ANR et Démiap devait être en prison pour leurs implications directes et indirectes dans plusieurs violences, crimes et assassinats, mais malheureusement, Nous vivons dans un système où l’impunité règne et où la vie humaine semble n’avoir aucune valeur. Les responsables de la sécurité, au lieu de défendre les citoyens, ferment les yeux sur les atrocités commises par des groupes criminels comme les Kulunas.
Il est particulièrement choquant de constater que certains proches du président sont accusés de financer ces Kulunas pour des intérêts politiques sordides. Les assassinats orchestrés sous couvert de ces gangs ne sont pas le fait de simples criminels, mais sont souvent dirigés par ceux qui détiennent le pouvoir. Les véritables commanditaires de cette terreur sont cachés derrière des postes officiels, utilisant les Kulunas comme des instruments pour semer la peur et maintenir leur contrôle.
Nous sommes pris en otage par un régime qui se nourrit de notre souffrance. Il est temps que la communauté nationale et internationale prenne conscience de cette réalité et agisse pour mettre fin à cette tyrannie. La vie de Serge ne doit pas être oubliée. Sa mort doit être un appel à l’action contre l’injustice et la corruption qui dévorent notre pays. Nous devons exiger des comptes et lutter pour un avenir où la justice et la sécurité ne sont plus des illusions, mais des réalités pour tous les Congolais.
Cette interview met en lumière les défis auxquels le jeune Merlin est confronté en tant que témoin d’un meurtre brutal et les pressions qu’il subit dans un contexte où la violence des Kulunas et certains milices politiques menacent la sécurité publique.
Coco Kabwika