ANR : come-back Inzun, exit Lusadusu, F. Tshisekedi se sépare des sécurocrates belges

Suite au coup de force orchestré par Christian Malanga et son groupe le 19 mai dernier, de nombreux observateurs avaient envisagé des changements importants au sein des services de renseignements civils et militaires. Ils critiquent ces services pour n’avoir pas anticipé les événements.

Justin Inzun Kakiak a été nommé de nouveau à ce poste dix jours après la tentative étouffée de coup d’Etat en République démocratique du Congo, dans une ordonnance présidentielle lue vendredi sur les antennes de la télévision nationale(RTNC).

Détenteur d’une licence en sciences politiques (Université de Lubumbashi), Justin Inzun est ce qu’on pourrait appeler « l’enfant de la maison ». Officier de renseignement depuis 1980, il a déjà dirigé l’ANR de 2019 à 2021. Après deux années de « traversée de la savane », il est nommé Ambassadeur à Brazzaville en décembre 2023. Un poste ultra-sensible. Selon un officier de renseignement, le nouveau patron de l’ANR a toujours évolué dans le Département extérieur, autrement dit l’espionnage. Il devrait être épaulé par un second spécialisé dans la Sécurité intérieure (Contre-espionnage).

Originaire de la province du Kwilu (Idiofa), l’ambassadeur Inzun succède au médecin-colonel en retraite Daniel Lusadusu Nkiambi (Kongo Central) qui a remplacé Jean-Hervé Mbelu Biosha le 1er août 2023.

Suite à l’incident impliquant Christian Malanga le 19 mai dernier, certains observateurs anticipaient des tensions entre l’ANR et l’ex-Demiap. Ces tensions ont émergé après l’arrestation du journaliste Stanis Bujakera pour avoir divulgué une note interne attribuée à l’ANR concernant la mort de l’ancien ministre Cherubin Okende, « décédé dans les locaux de la DEMIAP lors d’un différend foncier avec un membre de la famille présidentielle ». Depuis cet événement, une certaine méfiance règne entre les deux services.

L’arrestation du « conseiller stratégique » Jean-Jacques Wondo, expert en questions militaires et de défense, soupçonné d’avoir eu des échanges avec Malanga peu avant l’attaque du Palais de la nation, s’inscrit dans ce contexte. Des éléments compromettants auraient été découverts tant dans son téléphone que dans son ordinateur une thèse rejetée par plusieurs experts militaires dont Jérôme Kiambi :

« C’est totalement insensé et triste! On parle d’une photo de lui avec Christian Malanga en 2016. C’était à l’époque où la diaspora était vent debout contre Joseph Kabila. Soupçonner Jean-Jacques de connivence avec Malanga est tout à fait absurde. Wondo n’est pas un idiot pour s’engager dans une telle aventure. Je demande simplement sa libération. Il a accepté d’épauler l’administrateur général de l’ANR comme beaucoup d’autres afin d’apporter sa contribution dans « l’humanisation » des services de renseignement. Jean-Jacques Wondo est un professionnel. Il ne peut pas s’associer avec un tel personnage et à un tel degré d’amateurisme ».

En effet, Daniel Lusadusu et Jean Jacques Wondo, anciens membres de l’Ex-FAZ et détenteurs de la nationalité belge, sont connus de Christian Malanga en raison de leur expertise militaire. Si la véracité de l’information selon laquelle l’AG Lusadusu aurait ordonné la libération de son « conseiller stratégique » Jean-Jacques Wondo est confirmée, cela suggère que ce dernier est innocent et victime d’une rivalité entre services. Face à cette situation, une démission de l’AG Lusadusu suivie de son remplacement n’est pas à exclure.

Le dossier a été envoyé à l’Auditorat Général des Forces Armées de la RDC. L’Auditeur Général qui poursuit les enquêtes, après avoir reçu le rapport des renseignements militaires, s’apprête à fixer le dossier devant la Cour « pour le début du procès qui apportera plus de lumière sur cette action de déstabilisation ».

De source proche de l’enquête, cette tentative étouffée de coup d’Etat a nécessité des enquêtes approfondies pour en savoir plus sur la bande à Crispin Malanga et, surtout, sur les présumés « tireurs de ficelles ».

Il importe d’éclairer l’opinion sur ce commando constitué de quatre Américains, un Britannique, un Canadien et des dizaines de civils recrutés au Kongo-central, dans le sud-ouest du pays

« Christian Malanga, le chef de ce groupe, a la nationalité américaine. Son fils Marcel Malanga, né d’une mère américaine, l’est aussi et il y a deux ressortissants américains blancs. En plus, il y a Youssouf un Congolais naturalisé Britannique. Les autres membres du groupe sont des Congolais recrutés au Kongo-Central. Ils sont tous des civils », avait précisé la source.

Roger Lazio

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